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États-Unis : Les États frappés par la crise la font payer aux pauvres
Voilà des semaines que la Californie, le plus riche État des États-Unis, cherche en vain à boucler son budget pour l'année fiscale qui a démarré le premier juillet. Depuis cette date, l'État n'a plus d'argent et paye fournisseurs et prestations avec des reconnaissances de dettes, des bouts de papiers que les banques n'acceptent déjà plus ! Le gouverneur et les parlementaires cherchent à combler un trou de 26 milliards de dollars. Et ce sont les services publics qui vont faire l'objet de coupes claires, en particulier les écoles et les programmes d'aides aux plus pauvres.
Alors que les écoles ont déjà subi des restrictions de crédit à hauteur de quelque 12 milliards de dollars, il s'agit maintenant de leur supprimer 5 milliards de dollars de plus. À Los Angeles, les écoles d'été ont été fermées sauf pour les handicapés et 150 000 écoliers se trouvent ainsi désoeuvrés rien que dans cette ville. Et sur l'ensemble de l'État, des centaines d'autres districts ont réduit ou carrément supprimé les cours habituellement dispensés l'été.
À l'Université de Californie ce sont des jours de congé sans solde qui sont imposés aux 140 000 personnes qui y travaillent. L'État veut supprimer 20 000 emplois publics et réduire la paye de ses employés.
Les programmes sociaux sont sacrifiés au moment où le chômage et la pauvreté explosent : réduction des programmes de soins à domicile pour près d'un demi-million de personnes âgées et handicapées, de soins médicaux pour enfants de familles pauvres, etc. Autres sources d'économies : fermer des prisons (plusieurs milliers de prisonniers pourraient être libérés par anticipation) et fermer les parcs nationaux.
La Californie est bien loin d'être un cas à part. En fait la plupart des États ont opéré des coupes claires dans leurs services publics, éducation, santé, aides sociales diverses pour parvenir à boucler leur budget. La crise qui frappe de plein fouet la population laborieuse rend pourtant ces services encore plus indispensables. Et la politique poursuivie par les États ne peut qu'aggraver les inégalités car seuls les plus riches peuvent accéder aux services du privé pour pallier les carences du public.
Le Michigan procède depuis des années à des coupes dans les services publics : en 2002 dans les prisons, en 2003 dans les collèges de l'État, en 2004 et 2005 dans les orchestres, les opéras et les zoos et surtout dans les prestations médicales pour les pauvres. Et depuis, les restrictions budgétaires n'ont pas cessé pour les prisons, pour les bibliothèques, les crèches, etc. 10 000 emplois ont été supprimés depuis 2000. Aujourd'hui le Michigan s'apprête à fermer huit prisons ou centres de détention, à abandonner le financement des soins dentaires, des lunettes et des appareils auditifs pour les adultes pauvres. À Hawaï ce sont trois jours par mois de congé sans solde qui sont imposés aux employés de l'État et cela pour une période de deux ans, ce qui représente une baisse de salaire de 14 %. L'État de Washington licencie des milliers d'enseignants.
Les États font feu de tout bois pour réaliser des économies. Ainsi dans l'Illinois, des millions seront économisés sur les funérailles des pauvres. L'Oklahoma réduit les horaires d'ouverture des musées. Le New Hampshire veut vendre 27 parcs.
Et en Californie, certains proposent de légaliser la marijuana de façon à pouvoir percevoir une taxe sur sa consommation !
La crise économique réduit dramatiquement les recettes fiscales des États qui se voient en outre refuser les prêts par les banques qui continuent à refuser d'utiliser l'argent public qui leur a été donné sans compter pour rétablir les circuits du crédit. Les État sont d'autant plus étranglés que les Démocrates, pas plus que les Républicains, ne veulent faire payer les riches et les capitalistes pour leur crise.
Le Gouvernement Obama continue comme Bush à accorder des réductions d'impôts qui favorisent les plus riches au détriment des caisses publiques. Et les milliers de milliards qu'il a réussi à mobiliser, Obama les a consacrés avant tout à arroser les banques et les grandes entreprises. Seule une petite partie du plan de relance ira soulager le budget des États. Mais elle sera insuffisante pour financer les écoles, la santé, les programmes sociaux les plus vitaux, tous ces services dont les budgets ont déjà été réduits d'année en année. Il s'agit d'une politique délibérée de nouvelles économies drastiques sur le dos de la population laborieuse et même de sa partie la plus fragile, les jeunes enfants, les personnes âgées, les malades, et tous les indigents dont le nombre explose dans de nombreux États. Gouvernement fédéral et gouvernements locaux, tous s'emploient à faire retomber tout le poids de la crise sur la population laborieuse. Mais il n'est pas dit que la brutalité de l'attaque ne suscite pas la révolte.