Stock-options : Lâcher un peu pour conserver l'essentiel03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Stock-options : Lâcher un peu pour conserver l'essentiel

Comme on pouvait s'en douter, il n'y a pas que les dirigeants de la Société Générale ou l'ex-patron de Valeo à vouloir s'attribuer des gratifications substantielles. Deux dirigeants de GDF-Suez, Mestrallet et Cirelli, comptaient se répartir 1,1 million de stock-options au titre de l'année 2008, mais ils y ont finalement renoncé, pas de bonne grâce semble-t-il.

Quand la nouvelle de l'attribution de ces stock-options des dirigeants s'était sue, les travailleurs des terminaux méthaniers de GDF-Suez à Montoir-en-Bretagne et à Fos-sur-Mer s'étaient mis en grève, rejoignant ceux de douze sites de stockage souterrain de gaz, qui réclamaient une revalorisation salariale.

Il y a de quoi être indigné devant les avantages que ces grands patrons s'accordent à eux-mêmes. Et quand ils déclarent faire machine arrière, prétendant faire un geste de « solidarité », ce n'est qu'une manoeuvre pour tenter de détourner l'attention, voire la colère, que leur attitude suscite. En fait, le seul partage qu'entendent les patrons c'est celui des sacrifices... pour les salariés. Renault par exemple voudrait faire payer l'augmentation de l'indemnisation du chômage partiel des ouvriers par les cadres et les ingénieurs, qui seraient obligés d'abandonner des jours de RTT. C'est ce que la direction appelle « un dispositif collectif et solidaire », alors que, même pendant la crise, les profits continuent à rentrer, sans parler des profits des années passées.

De l'argent, il y en a. En 2007, les revenus des patrons des entreprises du CAC 40 ont augmenté de 58 %, pour atteindre un total de 161 millions d'euros, contre 102 millions en 2006. Ils prétendent se sacrifier à l'intérêt général, osent mettre en avant leur « souci de responsabilité », affirment vouloir le « partage de la création de valeur avec leurs collaborateurs », comme l'a fait Mestrallet en présentant l'abandon de son bonus.

Mais les valeurs, ce sont les travailleurs qui les créent par leur activité, et c'est par milliards d'euros que les patrons et les banquiers se partagent le fruit de ce travail. Renault, qui avait engrangé 2,734 milliards de bénéfice net en 2007, s'est encore taillé 599 millions de profits en 2008, tandis que le bénéfice de GDF-Suez est en hausse de 13 %, atteignant 6,5 milliards d'euros. Interrogé par le Journal du Dimanche à propos d'éventuelles limitations aux rémunérations patronales, Ernest-Antoine Seillière, l'ancien président du Medef, a répondu : « Nous allons satisfaire une envie d'égalité, sans que cela change rien à la situation de 60 millions de Français .» GDF-Suez versera aux actionnaires 4,8 milliards d'euros. Que quelques dirigeants disent à l'occasion se priver d'une importante bonification ne change rien à l'affaire... ni pour les actionnaires qui toucheront malgré tout un pactole, ni pour les salariés qui, eux, ne toucheront rien.

Contre la rapacité des possédants et des patrons, l'indignation ne suffit pas, la grève seule peut les contraindre à céder, comme ont pu en juger des travailleurs de GDF-Suez, qui ont obtenu une prime de 1 300 euros et une augmentation salariale de 4, 5 %. Mais il faudrait du même coup que les travailleurs, non seulement aient connaissance des rémunérations que s'octroient les dirigeants, mais puissent contrôler la totalité de la comptabilité de leurs entreprises, pour savoir où va l'argent dont l'unique source est leur travail.

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