ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : Fermeture de l'aciérie03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal - Gandrange (Moselle) : Fermeture de l'aciérie

Ils ont arrêté l'aciérie, alors qu'elle devait fonctionner jusqu'au 31 mars. Elle a été arrêtée par surprise le 19 mars, lors de la journée nationale de grève, et n'a pas été remise en route depuis. La direction, qui avait ouvert toutes grandes les portes de l'usine pour la visite de Sarkozy il y a un an, ne voulait sans doute pas que soit filmée la dernière coulée.

Mardi 31 mars, à l'appel de la CGT, une centaine de travailleurs se sont retrouvés pour dénoncer une dernière fois Mittal et son complice Sarkozy. Avec la fermeture du train à billettes (TAB) prévue pour la fin de l'année, 575 emplois au total sont supprimés. Il ne devrait plus rester à Gandrange que le laminoir à couronnes et barres (LCB) dont l'avenir n'est pas assuré. En ce qui concerne l'aciérie, 64 travailleurs sur les 339 employés à l'aciérie n'ont toujours pas de reclassement.

Le dégoût et l'écoeurement sont grands dans la région. Tout le monde se rappelle du cinéma de Sarkozy l'an dernier prétendant qu'il allait sauver l'usine. Il faut dire que cela fait des décennies que patrons et gouvernements massacrent les emplois en mentant comme des arracheurs de dent aux travailleurs.

De Giscard, en passant par Mitterrand, Chirac, jusqu'à Sarkozy, les gouvernements successifs ont, de plan de relance en plan de modernisation, de nationalisation en privatisation, arrosé de subventions le patronat sidérurgique au fur et à mesure que les emplois étaient laminés : avec 100 000 emplois en moins aujourd'hui, la sidérurgie française produit autant d'acier qu'il y a trente-cinq ans, autour de vingt millions de tonnes.

La « crise » - celle des années 1970 - les de Wendel n'en ont absolument pas souffert. Les 950 héritiers de cette dynastie industrielle ont leurs avoirs regroupés dans une société d'investissement Wendel qui a des participations dans de nombreuses entreprises comme Saint-Gobain, Bureau Veritas, Legrand ou Oranje Nassau.

Après les de Wendel, cela fut le tour de Mittal de récupérer l'usine de Gandrange pour une bouchée de pain. Dans la crise actuelle, le groupe ArcelorMittal a pour objectif de garantir les profits des actionnaires. Il y parvient fort bien puisqu'il leur verse en ce moment, au titre de 2008, près de 1,4 milliard d'euros de dividendes, et ce après avoir consacré plus de quatre milliards à des rachats d'actions qui, eux aussi, enrichissent les gros actionnaires, au premier rang desquels la famille Mittal. La fermeture de Gandrange a donc tout à voir avec la volonté d'augmenter les profits sur le dos de l'emploi.

Pour les travailleurs, il reste dans les mémoires que ce sont les émeutes de Longwy et de Denain en 1979 qui permirent aux sidérurgistes de limiter les attaques patronales. À l'époque, la crainte des travailleurs avait contraint le gouvernement à lâcher du lest, en particulier avec la possibilité de partir en dispense d'activité dès l'âge de 50 ans, et aux plus jeunes de partir avec une prime de départ équivalente à deux ans de salaires.

Ce que les travailleurs ont pu obtenir a toujours été le fruit de leurs luttes.

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