De 2004 au début 2006, l'association régionale de défense des victimes de l'amiante du Nord-Pas-de-Calais (Ardeva) a organisé tous les mois à Dunkerque des marches conduites par les veuves des ouvriers morts d'une maladie provoquée par l'exposition à l'amiante. Elle demandait la tenue d'un procès pénal contre les responsables de cet empoisonnement. L'instruction de plaintes déposées en 1994 ayant commencé au pôle judiciaire de santé publique à Paris les manifestations ont été suspendues.

Elles vont reprendre le 14 avril 2009 pour deux raisons. D'abord, contrairement à ce que la ministre de la Justice avait promis l'an passé, l'effectif des enquêteurs permettant l'instruction du procès n'a pas augmenté et ils sont souvent affectés à d'autres tâches comme la lutte contre le dopage sur le Tour de France ou l'importation illicite d'animaux. Au rythme actuel, le procès ne pourra pas se tenir avant 2014, vingt ans après le dépôt des plaintes ! Avec le temps, les personnes concernées directement ou indirectement disparaissent et la perspective d'un procès sérieux avec elles.

Ensuite, les propos de Sarkozy sur la disparition des juges d'instruction inquiètent l'Ardeva. Ce seront les procureurs, donc des fonctionnaires relevant directement du ministre de la Justice, qui devront poursuivre. Or, chaque fois que des procureurs sont intervenus dans un tribunal des affaires de la Sécurité sociale, lors d'une plainte contre un employeur, ce fut pour dire qu'il n'y avait pas de la part de l'employeur de faute inexcusable. Cela ne présage rien de bon de la « réforme » envisagée.

Si les choses ont bougé ces dernières années, c'est grâce aux manifestations des victimes de l'amiante et elles ont bien raison de compter sur leur mobilisation pour obtenir justice.