Guadeloupe : Des dizaines de grèves03/04/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/04/une2122.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : Des dizaines de grèves

Bien que la suspension officielle de la grève générale date de près d'un mois, de nombreuses grèves ont lieu en Guadeloupe. Le climat est tel que la rumeur populaire fait planer l'idée d'une nouvelle grève générale prochaine, ce qui donne une idée du climat social.

Pour la plupart, ces grèves sont déclenchées pour l'application de l'accord Bino sur les 200 euros, accord signé pendant la grève (sauf avec le Medef) mais qu'un certain nombre de patrons n'entendent pas respecter ou qu'ils interprètent à leur manière. Que ces derniers ne veuillent pas signer le préambule qui fait référence à l'économie de plantation et au système d'exploitation patronale, passe encore. Mais qu'ils consentent à ne verser que 50 ou 100 euros, cela les travailleurs ne l'acceptent pas.

Ce qui pose problème aux patrons est la « clause de convertibilité » de l'accord qui veut qu'après trois ans, ce sera au patron et à lui seul de verser les 200 euros, alors qu'aujourd'hui 100 euros sont payés par l'État et les assemblées locales.

Dans bon nombre d'entreprises, les travailleurs ont déjà obtenu l'application effective de l'accord Bino. Alors qu'après la signature, l'accord ne concernait directement que 17 000 travailleurs, aujourd'hui, ce sont plus de 30 000 qui ont obtenu son application. Soit les grèves ont fait plier les patrons, soit certains ont préféré signer par peur de la grève.

Quasiment tous les travailleurs qui n'ont pas encore obtenu les avantages de l'accord mais qui y ont droit ressentent un sentiment d'inégalité et d'injustice et entendent se battre pour l'obtenir. Ainsi, les travailleurs du port, ceux des plantations de banane, les employés des cliniques privées, de la centrale thermique du Moule, de la centrale diesel de Jarry, de l'IEDOM (Institut d'émission des départements d'outre-mer), sont en grève à leur tour ainsi que les employés de plusieurs hôtels. En tout, sur quinze secteurs d'activité, près d'un millier de travailleurs sont en grève à ce jour.

Les travailleurs de la centrale thermique du Moule bloquent de fait le fonctionnement de l'usine à sucre de Gardel. Du coup les travailleurs de l'usine Gardel qui avaient repris le travail redoublent d'ardeur. Mardi 31 mars, ils ont séquestré les trois directeurs de l'usine après avoir constaté le chiffre « 0 » sur leur fiche de paye. Après quoi les patrons ont cédé.

Dans les plantations de banane, là où les patrons békés refusent de céder, c'est la grève. Dans un certain nombre d'entreprises publiques non concernées par l'accord, les travailleurs de droit privé, eux, le sont. Ainsi à la Chambre d'agriculture, les employés sont entrés en grève. À La Poste, tous les employés se mettront en grève illimitée à partir de jeudi 2 avril.

Les 200 euros net concernent tous les travailleurs percevant un salaire de base compris entre le smic et 1,4 fois le smic (1 849 euros brut). Mais, dans le même accord, ceux dont le salaire est compris entre 1,4 smic et 1,6 smic (2 113euros) ont obtenu une augmentation de 6 %. Et ceux dont le salaire est supérieur à 1,6 smic ont obtenu 3 % d'augmentation. Cela fait donc un volet important de travailleurs concernés par l'accord Bino.

La grève générale et la combativité des militants du LKP ont donné des ailes à plus d'un. Tous se rendent compte que c'est grâce à la grève qu'ils ont obtenu ces augmentations. Seule la lutte paie.

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