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Leur société
Fusions-acquisitions : Le jeu nuisible de la finance
2006 aura été une année record pour les fusions et les acquisitions d'entreprises. Ces opérations ont mis en jeu 3610 milliards de dollars à l'échelle du monde. Cela équivaut à la moitié du produit intérieur brut des États-Unis, au double de celui de la France.
Les achats faits aux États-Unis représentent 1474 milliards; ceux faits en Europe, 1363 milliards, le reste du monde, Japon compris, se contentant de moins de 800 milliards.
La plus grosse opération a été le rachat de BellSouth par AT&T, qui a frisé les 90 milliards de dollars; Suez en proposait 40 pour racheter Gaz de France. C'est la somme que Mittal a payée pour Arcelor. Les entreprises, les groupes financiers et les fonds d'investissement disposent de ces sommes colossales. L'ouverture des pays du Tiers Monde et les privatisations offrent des cibles alléchantes, qu'ils se disputent à coups de dizaines de milliards.
Mais toutes ces manoeuvres financières ne se traduisent par aucun investissement productif, par aucun élargissement de la production qui augmenterait la consommation et l'emploi. Les capitalistes se rachètent entre eux leurs entreprises, mais pour monopoliser les marchés, éliminer un concurrent, concentrer un secteur. Leur «rationalisation» consiste à supprimer des emplois, à fermer des usines et à renforcer l'exploitation dans celles qui restent.
Pour les besoins de la collectivité, le résultat de ces fusions-acquisitions est donc, au mieux, sans effet et, le plus souvent, négatif. Qu'un groupe voie le prix de ses actions monter, que sa capitalisation boursière s'envole, quel sens cela a-t-il si cela se traduit par plus de chômage, par plus de misère?