Budget militaire : Sous-marins et surprofits27/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2004.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Budget militaire : Sous-marins et surprofits

Le ministre des Armées, Alliot-Marie, a confirmé la construction de nouveaux sous-marins Barracuda. D'ores et déjà 1,4 milliard d'euros sont bloqués dans le budget de l'État pour couvrir la mise au point et la construction d'un nouveau bâtiment de ce type, qui devrait ensuite être suivi de cinq autres. Coût: 7,8 milliards au total.

En revanche, expliquait-on, ces contrats feraient intervenir une centaine de sous-traitants et représentent au total 30 millions d'heures de travail sur vingt ans. Tout juste l'équivalent de deux mille postes de travail. Il en faut peu, vraiment, aux journalistes pour présenter une telle dépense comme positive.

Il aurait été possible de créer des emplois en nombre bien supérieur, et pour fabriquer des produits utiles, allant du matériel chirurgical aux transports en commun en passant par des logements! Par exemple, à raison de 140000 euros par logement, il y aurait les moyens d'en construire dix mille rien qu'avec le 1,4 milliard d'euros déjà inscrit au budget.

Mais ce qui compte pour le gouvernement, ce sont les bénéfices du groupe DCN (Direction de la Construction Navale) responsable des études et de la construction des sous-marins, et ceux d'Areva qui fournira la propulsion nucléaire. Sarkozy dit ne pas être opposé à une large ouverture au privé du capital d'Areva, au-delà des 10% actuels, ce qui pourrait satisfaire les appétits de Bouygues. Quant au groupe DCN, il s'agit de l'ancienne Direction de la Construction navale, chargée du «naval» militaire et, entre autres, des arsenaux que le gouvernement de gauche avait transformée en société de droit privé en 2001 et dont 25% du capital est en train d'être négocié avec Thalès. Et Thalès, autrefois Thomson, a son capital majoritairement privé depuis juin 1998, le gouvernement de gauche de l'époque l'ayant «réorganisé» et fait baisser la part d e l'État de 58% à 40%, au profit d'Alcatel et de Dassault.

Aujourd'hui, une nouvelle étape est franchie en offrant à peu de frais aux actionnaires de Thalès un contrôle direct sur le groupe DCN. Avec 25% du capital, Thalès obtient, selon une déclaration du PDG de DCN datant du 13 décembre, «un droit de concertation sur les grandes orientations de gestion (le plan à trois ans, le budget, la nomination du président), ainsi qu'un droit de veto sur les grandes décisions d'alliance et de partenariat».

Les 7,8 milliards d'euros que l'État va consacrer à la construction de ces sous-marins ne serviront qu'à une chose: permettre aux actionnaires de Thalès, Dassault, Lagardère et quelques autres de s'enrichir. C'est de cela qu'il s'agit, et uniquement de cela quand le gouvernement parle de «défense nationale».

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