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Leur société
Agen : Mobilisation réussie contre l’expulsion d’un lycéen
À Agen, la semaine avant les congés de Noël a vu les lycéens envahir les rues pour soutenir Karim, un lycéen d'origine sénégalaise de 19 ans, sous le coup d'un arrêté de reconduite à la frontière pris par le préfet du Lot-et-Garonne.
Le lundi 18 décembre, comme chaque semaine, Karim quittait le domicile de sa soeur pour rejoindre le lycée Lomet d'Agen où il est interne.
Plusieurs voitures de gendarmerie l'attendaient en embuscade. Karim se vit demander ses papiers d'identité. La préfecture dira, plus tard, que les gendarmes agissaient dans le cadre d'un «contrôle routier» décidé par le procureur général... À vrai dire, un lundi à 7 heures, tout ce que les gendarmes avaient une chance de contrôler dans le petit lotissement coincé entre champs et autoroute, c'étaient des lapins...
Karim n'ayant pas retrouvé son passeport, les gendarmes l'ont placé en garde à vue. Un arrêté de reconduite à la frontière était alors faxé à la gendarmerie et Karim était transféré à l'hôtel de police d'Agen. Là il a pu recevoir la visite de sa soeur, accompagnée d'un des professeurs et d'un représentant du Réseau éducation sans frontières.
Dès le lendemain les lycéens de Lomet, après avoir fait le tour des deux autres lycées agenais, ont passé la journée à bloquer à un millier, alternativement le palais de justice, la préfecture et l'hôtel de police. Une audience à la préfecture, où des camarades de classe de Karim, des professeurs et un représentant de RESF étaient reçus par le chef de cabinet du préfet, ne donna rien.
La mobilisation se poursuivit et c'est dans un palais de justice bloqué par les manifestants que Karim était déféré devant le juge des libertés. La presse locale s'étant largement fait l'écho de la situation, la juge invoqua la mobilisation pour dire que Karim ne présentait pas «les garanties de présentation» et prolongeait sa rétention administrative de quinze jours. Dans la soirée, Karim était transféré au centre de rétention de Bordeaux.
Jeudi 21 décembre, les lycéens poursuivaient leur mobilisation. Cette fois, alors qu'ils continuaient de défiler en ville, le juge estima que Karim pouvait être assigné à résidence et c'est donc libre qu'il sortit du palais de justice sous les acclamations de ses camarades. Mais il restait sous le coup de l'arrêté de reconduite à la frontière.
Vendredi, alors que les lycéens de Lomet bloquaient à plusieurs centaines le centre d'Agen, le tribunal administratif annulait l'arrêté préfectoral de reconduite à la frontière.
C'est sous les vivats des lycéens rassemblés que Karim est rentré à Agen. Il remerciait tous ceux qui l'avaient soutenu et attirait l'attention sur le fait qu'un autre lycéen, Driss, n'avait pas eu la même chance que lui, le tribunal administratif ayant confirmé son arrêté de reconduite à la frontière.
Le sort de Driss est donc désormais entre les mains du préfet. Pour Karim, le préfet peut encore faire appel. Mais c'est tout de même dans la joie que les lycéens se sont séparés, se donnant rendez-vous à la rentrée.