ONU : Bientôt un nouveau secrétaire général pour un vieux machin27/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2004.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

ONU : Bientôt un nouveau secrétaire général pour un vieux machin

Le 1erjanvier 2007, l'actuel secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Kofi Annan, qui la préside depuis 1997, cédera sa place au Sud-Coréen Ban Ki-Moon. La tâche de réformer une institution qui réunissait 51États à sa fondation, qui en compte désormais 192 et qui connaît notamment des problèmes de gestion, l'attend, paraît-il.

L'ONU prétend, comme l'affirme sa charte, «préserver les générations futures du fléau de la guerre». Pourtant, en soixante et un ans d'existence depuis sa fondation le 24 octobre 1945, l'ONU n'a jamais empêché les grandes puissances, dont elle a été le plus souvent la complice, de mener comme elles l'entendaient leurs interventions militaires contre les peuples.

L'ONU était censée remplacer la Société des Nations, dont la faillite avait été évidente. Née des déclarations pacifistes de rigueur après la boucherie de la Première Guerre mondiale, la SDN avait accompagné, en pratique, les grandes puissances dans leur marche vers la Seconde. L'ONU fut mise en place à travers une série de conférences et de déclarations qui associèrent les États-Unis et la Grande-Bretagne (charte de l'Atlantique, 1941), puis l'URSS (déclaration des Nations unies, 1942), et la Chine de Tchang Kaï-chek (déclaration de Moscou, 1943), affichant «le principe d'une égale souveraineté de tous les États pacifiques».

Promulguée à la conférence de San Francisco (avril-juin 1945), la charte des Nations unies affirmait «l'égalité des droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations grandes et petites», mais certaines nations étaient manifestement «plus égales» que d'autres puisque cette charte attribuait aux seules grandes puissances «la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale».

Au total, la hiérarchie des pouvoirs au sein de l'ONU, dominée par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Grande-Bretagne, France, Russie et Chine), assure l'hégémonie des grandes puissances, et d'abord celle des États-Unis, grands vainqueurs de la Deuxième Guerre mondiale. Et il est pour le moins démonstratif que cette institution, qui prétend écarter le «fléau de la guerre», fut lancée en 1945, l'année même où les États-Unis firent exploser deux bombes atomiques sur le Japon. Dès sa naissance, ces deux explosions nucléaires soulignaient que l'ONU n'empêcherait jamais les grandes puissances d'assurer leur domination sur le monde et de préserver leurs zones respectives d'influence. La charte de l'ONU établit d'ailleurs le «domaine réservé» de chacune des grandes puissances, dans lequel l'ONU n'est pas autorisée à intervenir dans ce qui relève de la seule «compétence nationale d'un État».

C'est pourquoi l'ONU n'a pas bronché au cours des multiples interventions militaires de l'impérialisme français en Afrique, des bombardements en Algérie en 1945 aux récentes interventions en Côte-d'Ivoire, en passant par les massacres de Madagascar en 1947 ou sa complicité dans le génocide du Rwanda en 1994. De même, elle a laissé les États-Unis intervenir à plusieurs reprises en Amérique latine, du Guatemala (1954) au Nicaragua (1979 à 1989), mais aussi partout où les États-Unis ont joué leur rôle de gendarme du monde.

Bien sûr, l'ONU prend parfois des résolutions en faveur des «droits des peuples». Mais, dès lors qu'elles ne conviennent pas à l'impérialisme américain et à ses alliés, elles restent lettre morte. La série de résolutions sur la situation en Israël-Palestine n'empêche pas les Palestiniens de continuer de vivre dans des camps et l'armée israélienne de les frapper chaque fois qu'elle le juge nécessaire. Il est également significatif que, pendant les quinze années de guerre du Viêt-nam (1961-1975), le Conseil de sécurité n'a jamais pris position à ce sujet.

Et la chute du mur de Berlin en 1989 et l'éclatement de l'URSS n'a pas réduit, mais au contraire accentué la domination des États-Unis sur le monde.

Que l'ONU soit un instrument des puissances impérialistes est si visible que certains, à gauche ou dans les milieux altermondialistes, se sont mis à rêver d'une réforme de l'ONU qui restaurerait un rôle de pacificateur des conflits qui n'a jamais été le sien. Car si, en son temps, Lénine avait caractérisé la SDN comme une «caverne de brigands», l'ONU a été son digne successeur.

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