Italie : Suicide médicalement administré et acharnement religieux27/12/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/12/une2004.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Suicide médicalement administré et acharnement religieux

Cela faisait déjà plusieurs mois que Piergiorgio Welby s'était résolu à mourir, mais il ne pouvait y parvenir seul. Cet Italien de 60 ans, victime d'une terrible maladie musculaire incurable, était paralysé depuis une trentaine d'années, et maintenu en vie grâce à un respirateur artificiel depuis près de dix ans.

Il en a eu assez et a demandé qu'on débranche l'appareil qui le maintenait en vie. Il ne voulait pas continuer à souffrir en permanence, sans le moindre espoir d'amélioration.

Piergiorgio Welby, qui ne pouvait s'exprimer que par des clignements d'yeux, est parvenu à faire écrire une lettre au président de la République italienne, dans laquelle il réclamait «<|>le droit civil à une mort naturelle» pour que son «<|>corps torturé et brisé trouve la paix». Il ajoutait: «<|>J'aime la vie... mourir me fait horreur; malheureusement, ce qui me reste n'est qu'un acharnement têtu et insensé pour maintenir actives des fonctions biologiques.»

Cette lettre d'un homme parfaitement lucide a provoqué une émotion considérable en Italie, et dans une moindre mesure dans le reste du monde.

Seulement «l'acharnement têtu et insensé» n'était pas spécialement celui du corps médical.

C'est l'Église avant tout qui s'est opposée à la requête du malheureux, insistant sur la mort «naturelle» qui doit arriver au terme de la vie. À quoi Piergiorgio Welby a répondu: «Qu'y a-t-il de naturel dans un trou dans le ventre (pour la nourriture) et dans la gorge (pour respirer)?»

Finalement un tribunal, saisi de l'affaire, a donné un avis favorable au débranchement de l'appareil, accompagné d'un traitement contre la douleur. Et un médecin a accepté de faire ce que voulait cet homme, qui est mort le 20 décembre.

Mais l'Église, qui n'a pu empêcher ce geste, n'en est pas restée là. Le pape Benoit XVI, au nom d'une Église qui est bien loin de combattre la peine de mort avec la même énergie, a appelé à prendre conscience de la valeur de la vie humaine jusqu'à «son déclin naturel». Et la hiérarchie religieuse a refusé l'enterrement religieux, que réclamait la famille.

Juste retour des choses, de nombreux catholiques (mais c'est à eux de s'arranger avec leur Église) n'ont pas apprécié, et le «Saint-Siège» s'est même attiré les protestations de certains prêtres, l'un d'entre eux allant jusqu'à regretter, au cours d'une messe, que «personne dans les hautes sphères vaticanes n'ait formulé d'objection aux obsèques religieuses» de Pinochet. Mais c'est que pour le Vatican, mieux vaut un assassin qui a quelques milliers de morts sur la conscience, qu'un suicidaire.

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