- Accueil
- Lutte ouvrière n°1927
- Décentralisation des transports en Île-de-France : Sur le dos des usagers
Leur société
Décentralisation des transports en Île-de-France : Sur le dos des usagers
Depuis le 1er juillet, les transports de la région Île-de-France sont gérés par la Région... sur le papier du moins, car la plupart des élus régionaux ont refusé de siéger.
L'organisme chargé d'organiser les transports franciliens, le Stif (Syndicat des transports en Île-de-France) était présidé jusqu'à maintenant par le préfet, c'est-à-dire un représentant de l'État. Comme l'exigeait la loi, depuis le 1er juillet, c'est Jean-Paul Huchon, président socialiste de la Région, qui a pris le relais. Mais ni lui, ni les autres élus de gauche d'Île-de-France n'ont accepté de siéger au conseil d'administration du Stif. Pour l'instant donc, les affaires courantes sont gérées par un directeur, et aucune décision ne peut être prise.
C'est la conclusion du bras de fer qui oppose depuis plusieurs mois représentants de l'État et de la Région. Le gouvernement refuse de transférer à la Région des fonds suffisants. Notamment, toute une partie des rames SNCF et RATP est à remplacer, et l'État se refuse à verser les 200 millions d'euros par an nécessaires. Cette demande n'avait apparemment rien de délirant, puisque c'est la même somme qui avait été allouée aux autres régions lors de la décentralisation de leurs transports. Il se refuse en outre à verser 200 millions d'euros pour financer des mesures nouvelles, décidées par le gouvernement mais mises ainsi à la charge de la Région. En outre, le Conseil régional réclame la constitution d'un fonds de roulement de 315 millions d'euros.
Mais le gouvernement ne veut rien lâcher. Dans cette affaire, les motifs financiers semblent se mélanger à de mesquines questions politiciennes... Les crédits nécessaires à l'amélioration du transport en Île-de-France refusés, la droite aura beau jeu de dire, lors des prochaines élections régionales, que la gauche n'a pas tenu ses promesses en matière de transport!
Mais au-delà, l'attitude du gouvernement reflète toute sa politique: s'il refuse de consacrer ces centaines de millions d'euros à l'amélioration des conditions de transport des travailleurs franciliens, c'est parce qu'il en a besoin pour les distribuer, sous forme de cadeaux et d'exonérations, au patronat.
Et la gauche dans cette affaire? Elle joue à bon compte la victime, et les Huchon, Delanoé et Baupin ne se privent pas de se plaindre du fait que le gouvernement leur lie les mains. Mais lorsque Huchon dit aujourd'hui que, faute d'argent, il ne pourra pas assurer la gratuité des transports pour les chômeurs, il fait preuve d'une certaine hypocrisie... car avant même que le gouvernement annonce son refus d'augmenter sa compensation, Huchon avait déjà annoncé que la gratuité pour les chômeurs ne se ferait sans doute pas, contrairement à ce qu'il avait promis pendant sa campagne.
Nul ne peut dire combien de temps va durer cette crise. La prochaine négociation entre l'État et la Région est fixée... au mois d'octobre. Cela pourrait se finir par la rédaction d'une nouvelle loi, modifiant les règles de la décentralisation en Île-de-France et donnant plus de poids aux départements, comme le réclame... l'inévitable Sarkozy.
Ces petits jeux politiciens se font très loin des travailleurs franciliens qui, chaque jour, s'entassent dans les trains de banlieue, les bus et les RER dans des conditions lamentables. Ces conditions ne semblent pas près de changer... sauf si les usagers franciliens décidaient, un jour, d'un gros coup de colère. Huchon affirme que la gauche va maintenant «mobiliser les Franciliens», dans la rue s'il le faut. Chiche!