Sédiver – Saint-Yorre (03) : Les verriers contre la fermeture de leur usine occupée par... les CRS07/07/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/07/une1927.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sédiver – Saint-Yorre (03) : Les verriers contre la fermeture de leur usine occupée par... les CRS

Vendredi 1er juillet, les travailleurs de l'usine Sédiver, avec leur famille et la population, un bon millier de personnes, ont manifesté une fois de plus dans les rues de Saint-Yorre, petite ville proche de Vichy.

Cette fois, c'était pour protester contre la présence policière dans leur usine et aux alentours de celle-ci.

C'est que, depuis jeudi 30 juin dès l'aube, deux cents CRS, gardes mobiles et gendarmes occupent à nouveau Sédiver, cette usine qui produit des isolateurs électriques et que la direction voudrait vider et fermer depuis longtemps.

Cela s'était déjà produit au mois de janvier quand le même préfet -plus que complaisant envers le patron- avait envoyé les CRS occuper l'usine et faire évacuer le personnel. C'était alors pour faire place nette aux déménageurs venus de Suisse avec d'énormes camions pour emporter une partie du stock des 10000 tonnes d'isolateurs.

Depuis un an et demi, malgré toutes les manoeuvres cyniques de la direction et son chantage permanent aux licenciements, avec le soutien de l'appareil d'État, préfet, juges et ministres, les ouvriers ont tenu bon et ont réussi à maintenir l'usine en activité.

Pour illustrer l'arrogance du patron de Seves, la société italienne qui a racheté Sédiver, rappelons son chantage scandaleux: «Je conserve 150 salariés sur les 286, à condition qu'ils acceptent 30% de baisse de salaire et que l'État accorde une aide de six millions.» Ou encore des propositions de reclassement comme à cette ouvrière qui s'est vu proposer un poste en Chine à 200 euros par mois!

Du côté de la justice, ce n'est pas mieux. Le tribunal de grande instance de Cusset a refusé d'accorder un sursis pour maintenir l'activité du four, symbole de la vie de l'usine. Ce four dont l'arrêt était programmé pour le lundi 4 juillet. Et la Cour d'appel de Riom vient, elle aussi, de confirmer l'ordre d'arrêter le four, en plein accord avec le préfet, sous prétexte de «sécuriser l'usine»!

Ce préfet a d'ailleurs publié un communiqué proclamant sans détour son soutien total au patron: «Conformément à la décision de justice du 23 juin, le concours de la force publique a été accordé au groupe Seves, en réponse à sa demande, pour assurer la sécurisation du site...»

Concernant les élus et les responsables politiques, les travailleurs de Sédiver ont multiplié les démarches. Mais les représentants de l'État, à part quelques mots compatissants, n'ont rien voulu faire, ni prendre d'engagements, sauf en faveur du patron.

Ainsi Sarkozy, venu en coup de vent, a assorti des actes à ses paroles de cow-boy: cela s'est traduit par un contrat de site de 32 millions d'euros pour la région de Vichy, c'est-à-dire par des subventions supplémentaires pour les patrons qui viendraient s'installer. Mais pour les salariés menacés de licenciement, zéro!

Dernier exemple en date: le rendez-vous du samedi 2 juillet entre Brice Hortefeux -tout récent ministre des Collectivités territoriales, conseiller régional d'Auvergne, député européen et l'un des principaux conseillers de Sarkozy- et l'intersyndicale et les maires des communes où vivent les salariés de Sédiver. Sans surprise, cette entrevue n'a rien donné. Le ministre a daigné écouter les revendications exprimées par les syndicalistes: en priorité le retrait des forces de l'ordre de l'usine et des alentours et un délai de six mois pour reporter l'extinction du four, le temps de retrouver peut-être un repreneur. Réponse du ministre: on peut compter sur lui pour en faire part... au gouvernement! Mais il n'est pas question de s'opposer au patron qui veut fermer une usine sans se soucier des conséquences pour des centaines de travailleurs, leur famille et la région.

Si les travailleurs de Sédiver sont toujours là, c'est bien grâce à leur lutte, à leur mobilisation permanente, à leur volonté de ne pas se laisser jeter dehors. Ce qui leur a gagné l'estime et le soutien des travailleurs de la ville et de la région qui sont maintes fois venus manifester à leurs côtés.

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