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- Lutte ouvrière n°1927
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Dans les entreprises
Arkema et l’amiante : Marche à suivre pour contrer les plaintes des travailleurs
Arkema, une société créée par Total au sein de son pôle chimie, a édité en janvier dernier un texte de vingt pages pour les directions locales, leur indiquant la marche à suivre en cas de plainte de salariés malades de l'amiante pour «faute inexcusable» de leur employeur, Total.
La «problématique Arkema» est simple: c'est une question d'argent. «Le coût d'une maladie professionnelle peut aller de 98000 à 200000 euros (hors tarification accidents du travail-maladie professionnelle). Or on compte actuellement 258 dossiers en cours au sein de la société Arkema. Ce coût est susceptible d'évoluer en fonction du montant des condamnations prononcées. Les sommes en jeu sont donc considérables. Une réponse énergique des responsables sociaux est en conséquence nécessaire, et cela d'autant plus que le nombre de demandes en réparation formées par les salariés ou anciens salariés de la société au titre des maladies professionnelles amiante ne cesse de croître.» «L'objectif est (...) aussi et surtout d'arriver à bloquer l'éventuelle imputation ultérieure des conséquences financières de la faute inexcusable.»
En conséquence, chaque direction locale devra, après le dépôt du dossier par le salarié auprès de la Caisse primaire d'assurance maladie, rédiger une lettre de réserve: «Dans les cas où il est absolument évident que le salarié a été réellement exposé au sein d'Arkema à un risque pouvant déclencher une maladie professionnelle, et même lorsque le salarié a effectué l'intégralité de sa carrière professionnelle à Arkema, une lettre de réserve sera également rédigée. En effet la Caisse sera alors tenue de procéder à une enquête contradictoire, ce qui pourra éventuellement nous permettre d'invoquer le non-respect du principe du contradictoire.» Suivent le détail des objections à présenter dans la lettre de réserve et cette note très significative: «Dans l'hypothèse où nous n'aurions que très peu d'arguments à soulever dans la lettre de réserve, et où le certificat médical initial ne nous aurait pas été communiqué, nous ne l'exigerons pas dans la lettre de réserve, pour pouvoir ensuite invoquer comme argument l'absence de communication de cette pièce.»
Et pour éclairer encore un peu plus la froideur cynique avec laquelle cette société s'oppose aux plaintes des travailleurs qu'elle a empoisonnés, elle va jusqu'à écrire: «Il est important de préciser qu'il n'y a aucun état d'âme à avoir vis-à-vis du salarié: en effet une telle décision (du tribunal des affaires sociales, favorable à Arkema) n'a aucune incidence sur la décision de la CPALM à l'égard des prestations servies à la victime ou à ses ayants droit.»
Ces patrons ont utilisé l'amiante pour gagner de l'argent, en faisant courir tous les risques aux travailleurs. Et ils continuent, devant ce drame qui fait dix morts par jour dans le pays, à ne penser qu'à leur fric.