Choléra : les profits avant la santé…24/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2860.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Choléra : les profits avant la santé…

L’ONU a lancé une alerte sur une « pandémie des pauvres », l’épidémie de choléra qui touche près d’un milliard de personnes dans 43 pays, les plus pauvres bien sûr.

En effet, alors que le choléra reculait depuis dix années à l’échelle mondiale, la tendance s’est inversée en 2021 et, depuis le début de 2023, vingt-quatre pays ont signalé des épidémies, contre quinze en 2022.

Des pays non touchés par le choléra le sont désormais et les taux de mortalité dépassent celui habituellement constaté de 1 %, avec une mortalité accrue chez les enfants où les diarrhées et vomissements peuvent être particulièrement dangereux. On connaît parfaitement les causes de cette maladie, due à une bactérie présente dans l’eau et avant tout liée aux conditions de vie des plus pauvres sans accès à l’eau potable, à l’hygiène élémentaire et aux soins. C’est la pauvreté qui tue dans bien des pays du tiers-monde ravagés pour certains par des guerres qui obligent à des déplacements de populations. Et c’est sans parler des changements climatiques, cyclones, inondations, etc.

Le directeur de l’Unicef déclare : « Nous savons exactement comment arrêter cette pandémie, mais nous avons besoin de plus de soutien et de moins d’inertie de la communauté internationale. » Il faudrait investir dans les services de santé et d’eau potable, investir dans le développement des médicaments. L’OMS et l’Unicef demandent 640 millions de dollars dans l’année pour intervenir efficacement et mettre à la disposition des pays touchés les moyens de réhydrater les malades et de leur fournir les antibiotiques nécessaires. Il faudrait aussi disposer du vaccin efficace qui fait défaut. Alors que 18 millions de doses seraient nécessaires, les laboratoires qui les fabriquent n’en ont fourni que 8 millions, considérant sans doute que ces populations pauvres n’ont pas les moyens de payer. L’OMS, ne pouvant obtenir ces doses, a donc recommandé une seule dose de vaccin au lieu de deux, couvrant en quelque sorte cette situation scandaleuse de son autorité scientifique.

Traiter le choléra, empêcher sa propagation et sauver près d’un milliard de personnes, « c’est facile et simple », comme le reconnaît l’Unicef. Mais, au lieu des 640 millions de dollars qui seraient nécessaires, des milliards de dollars sont votés pour des budgets militaires. Ce n’est pas de « l’inertie de la communauté internationale » qu’il faut parler, mais de choix conscients et criminels.

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