HCL-Lyon : la misère sous un vernis de modernité24/05/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/05/2860.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

HCL-Lyon : la misère sous un vernis de modernité

Les hôpitaux, comme les États et les entreprises, sont soumis à un système de notation pour estimer leurs capacités financières à rembourser leurs dettes.

Aux Hospices civils de Lyon (HCL), l’agence privée Moody’s, qui a effectué cette évaluation, a attribué la note A1, une note élevée malgré leur endettement important.

Visiblement, la politique d’économies des HCL et les garanties de l’État ont joué en leur faveur. Récemment, pour emprunter un montant de 10 millions d’euros sur vingt ans auprès d’Arkéa Banque, les HCL ont contracté un prêt dit « à impact ». Il s’agit d’un nouveau produit financier dont le taux est basé sur 45 critères, évalués par EthiFinance, basés entre autres sur l’environnement, le social ou la gouvernance. Les besoins en soins des patients ne sont, quant à eux, pas pris en compte.

Pour plaire à ces agences de notation, les dirigeants des HCL ont créé une direction de l’innovation et de l’écologie, fait appel à des entreprises privées et des cabinets d’audit comme McKinsey, et fait tourner à plein régime le service de communication. À coups de campagnes promotionnelles, les HCL s’autoproclament « hôpital de demain » et se vantent d’être dans « l’excellence ».

Pour les hospitaliers, la réalité est bien différente. À l’hôpital de La Croix-Rousse, tout le système de canalisation est vétuste, entraînant régulièrement des fuites et des effondrements de plafonds dans plusieurs bâtiments, y compris dans les locaux tout récents d’une salle de coronarographie. Avec les fenêtres mal isolées, les travailleurs doivent ajouter des chauffages d’appoint en hiver et crèvent de chaud en été. Les nouveaux appareils de scanners et d’IRM, dans lesquels la direction a investi, ne sont pas toujours accessibles à cause du manque de personnel, des pannes et des plages horaires réservées au secteur privé. Dans le bâtiment des maladies infectieuses, inauguré en grande pompe et présenté dans la presse comme une « prouesse de technologie », la moitié des lits d’hospitalisation est fermée par manque de personnel et les chambres avec sas n’ont jamais été occupées. Les hospitaliers n’ont que très rarement accès aux formations obligatoires et essentielles de type incendie, urgences, ou gestuelles. Les pénuries de médicaments, ou de matériel aussi essentiel que des électrodes pour les défibrillateurs, sont monnaie courante.

La direction des HCL axe son discours sur la modernité et l’écologie mais, pour les hospitaliers, c’est toujours l’incurie, les pénuries et le délabrement qui rythment le travail. Les travailleurs des hôpitaux et les patients n’ont que faire de paroles et de discours, ils sont les mieux placés et auraient tout à gagner à prendre eux-mêmes la gestion, les décisions d’investissement et la direction des établissements de santé pour répondre aux besoins réels qui sont les leurs.

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