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Leur société
Les Républicains : surenchère xénophobe
Le parti Les Républicains, présidé par Éric Ciotti, a du mal à exister entre Macron et le Rassemblement national. Pour tenter d’y remédier, il a choisi de faire parler de lui en déposant un projet de loi sur l’immigration qui en rajoute encore sur celui annoncé par Darmanin.
L’exercice est certes difficile, tant le ministre de l’Intérieur de Macron a déjà bien pavé le terrain en matière de xénophobie. Les leaders des Républicains reprennent d’ailleurs les principales dispositions annoncées par Darmanin, visant à faciliter les expulsions et à rendre plus difficile l’obtention de titres de séjour. Mais, pour se distinguer, ils veulent aller plus loin. Ils demandent ainsi ni plus ni moins une modification de la Constitution afin de permettre la tenue d’un référendum sur la politique migratoire et la possibilité de déroger aux accords internationaux. Ils entendent aussi demander au Parlement de se prononcer chaque année sur des quotas d’immigration, veulent que les demandes d’asile soient examinées dans le pays d’origine et non en France, et entendent obliger ces pays à reprendre leurs ressortissants expulsés en conditionnant l’obtention de visas pour leurs habitants et le versement de l’aide au développement à leur bonne volonté en la matière. Les Républicains veulent aussi rétablir le délit de séjour illégal et priver les sans-papiers de pratiquement tout droit aux prestations sociales. Les étrangers ne pourraient bénéficier de la protection sociale et des allocations familiales qu’après cinq ans de séjour et l’aide médicale d’État (AME) serait remplacée par une « aide d’urgence » plus restrictive.
Les Républicains vouent aussi aux gémonies la proposition de Darmanin visant à régulariser les travailleurs sans papiers dans les secteurs en manque de personnel comme l’hôtellerie où le bâtiment. Ce projet correspondait à la demande d’une partie du patronat soucieux de trouver une main-d’œuvre à exploiter, alors que les grèves de ces travailleurs pour obtenir des papiers se sont multipliées ces dernières années. Darmanin présentait pour sa part cette mesure comme le pendant humaniste de ses mesures répressives. Les Républicains la qualifient quant à eux de « pompe aspirante » destinée à attirer toujours plus de migrants.
Les mesures proposées par Ciotti et son parti vont de pair avec une phraséologie qui n’a rien à envier à celle du Rassemblement national. « Ceux qui sont arrivés illégalement doivent savoir qu’ils ne seront pas bien accueillis et qu’ils n’auront aucun droit », déclare Éric Ciotti dans Le Journal du dimanche. « Ce qui est en jeu, c’est la subsistance de notre nation », ajoute-t-il, promettant à la métropole « le même chemin que Mayotte dans les décennies à venir ».
Ciotti, Macron, Darmanin, Le Pen, Bardella, font la course à qui sera le plus xénophobe. Tous espèrent attirer les voix des électeurs en détournant le mécontentement qu’ils éprouvent face à une vie rendue de plus en plus difficile par les capitalistes et les gouvernants. C’est un piège pour la classe ouvrière, à laquelle celle-ci doit répondre par le vieux mot d’ordre du mouvement ouvrier : « Prolétaires de tous pays, unissons nous ! »