Vertbaudet – Marquette-lez-Lille : face aux grévistes, la violence de l’État24/05/20232023Journal/medias/journalarticle/images/2023/05/P14-1_Vertbaudet_C_LO.png.420x236_q85_box-68%2C0%2C732%2C373_crop_detail.png

Dans les entreprises

Vertbaudet – Marquette-lez-Lille : face aux grévistes, la violence de l’État

Depuis le 20 mars, 72 ouvrières (parmi lesquelles quelques hommes) de l’entrepôt de Vertbaudet font grève pour une augmentation de salaire de 150 euros. La paye étant autour du smic, il s’agit de pouvoir faire vivre dignement leurs familles de leur travail.

Illustration - face aux grévistes, la violence de l’État

La direction, qui a déclaré 27 millions de bénéfices en 2022, refuse d’augmenter le taux horaire et ose leur proposer de travailler plus si elles veulent gagner plus. Pour briser la grève, elle s’est appuyée sur les différents rouages de l’État. D’abord un huissier de justice est venu assigner six grévistes qu’elle a ensuite convoqués pour des entretiens préalables à licenciement. Ensuite, le tribunal a validé l’embauche d’intérimaires pour remplacer les grévistes. En parallèle, les CRS sont intervenus régulièrement pour garantir l’entrée et la sortie des camions sur le site, allant jusqu’à arrêter violemment deux militants venus en soutien aux grévistes.

Cela n’ayant pas suffi à briser la grève, mardi 16 mai, une soixantaine de CRS, avec matraques et boucliers, ont démantelé le piquet de grève. Un agent de cette milice patronale en uniforme a agressé une gréviste en l’étranglant et en lui tordant le bras devant ses camarades. Comme l’a dit une gréviste dans la manifestation qui a suivi : « On voit maintenant que la démocratie, ce n’est que des mots ».

L’État s’est mis au service des actionnaires de Vertbaudet, parmi lesquels on retrouve la famille de François Fillon et la famille Schlumberger.

Le soir même, des individus ont voulu terroriser un délégué CGT. Devant son domicile, ils l’ont traité de « sale gréviste » devant son fils. Ils l’ont ensuite emmené de force en voiture, lui ont craché au visage et l’ont gazé, avant de l’abandonner une dizaine de kilomètres plus loin.

Le lendemain, des CRS étaient présents devant l’entrepôt. Des blocs de béton avaient été installés par la mairie pour empêcher le rétablissement du piquet. Le CRS qui avait agressé la gréviste la veille paradait fièrement. Mais l’ouvrière qu’il avait tapée était là aussi, avec ses collègues : « Même si j’ai mal, même si on a eu peur, je suis débout. » Les grévistes ont vu avec stupéfaction le spectacle de l’entrepôt bunkerisé et les cars de CRS qui escortaient le DRH pour entrer sur le site : « Comme si on était des terroristes, et qu’on allait l’attaquer, c’est ridicule ! »

Fières d’avoir gagné la bataille de la dignité, et renforcées par les nombreux soutiens à leur caisse de grève, les grévistes affirment : « Même sans les tentes, on continue ! En plus, on a du bol, il va faire beau. »

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