n°1771 du 05/07/2002

L’éditorial

Un système où les voleurs sont rois

Aux Etats-Unis, après les affaires Enron, WorldCom, Xerox, qui ont prouvé que les PDG des grandes sociétés ne reculaient pas devant les comptabilités truquées pour faire croire à des bénéfices substantiels, et maintenir ainsi le cours de leurs actions, Bush a affirmé que le gouvernement " sera vigilant et poursuivra les coupables ". Mais il ne s'agit là que d'une déclaration hypocrite, car le comportement des PDG en question obéit simplement à la logique du système économique dans lequel nous vivons. Le but premier d'une entreprise, dans ce système, n'est ni de produire des biens utiles à la population ni de créer des emplois. C'est d'enrichir les détenteurs d'actions, plus particulièrement les gros actionnaires, les seuls qui comptent vraiment. D'ailleurs, si la manoeuvre des dirigeants d'Enron ou de WorldCom avait réussi, si les profits réalisés ultérieurement leur avaient permis de verser des dividendes confortables à leurs principaux actionnaires, qui se serait soucié, dans les milieux de la bourgeoisie, des moyens utilisés ?

En France, ce sont les mêmes lois qui régissent le monde des affaires. Ce n'est même pas l'assemblée générale des actionnaires de Vivendi Universal, mais les six administrateurs européens du groupe que présidait Jean-Marie Messier, qui auraient décidé d'évincer celui-ci de la direction, parce que les opérations de fusion auxquelles il a présidé ont provoqué des pertes qui ont entraîné un écroulement du cours des actions de Vivendi.

n°1771

05/07/2002