Suppression de classes : Drôle de façon de lutter contre l'échec scolaire05/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Education

Suppression de classes : Drôle de façon de lutter contre l'échec scolaire

Dans chaque département, l'Inspection académique a procédé à des ajustements en vue de la prochaine rentrée scolaire, avec le souci de supprimer des classes de façon à ce que celles qui restent soient remplies au maximum. Les quartiers populaires, ceux pour qui l'allégement des effectifs serait d'une urgente nécessité, sont les premiers à en subir les conséquences.

En Seine-Saint-Denis, par exemple, le couperet est tombé : 105 suppressions de classes contre 54 ouvertures. Dans le Val-de-Marne, le bilan est également négatif : 59 fermetures contre une trentaine d'ouvertures. Dans ces deux départements, beaucoup d'habitants sont des travailleurs et des chômeurs, et parmi eux des personnes sur qui pèsent le plus lourdement les injustices sociales. Leurs enfants vont subir de plein fouet les classes surchargées. Que ce soit le nouveau venu, Luc Ferry, qui organise la rentrée, ou l'ancien, Jack Lang, qui l'a préparée, ils font mine de s'occuper des problèmes sociaux, le temps d'un discours contre l'illettrisme par exemple.

Dans les deux départements en question, les Inspections académiques invoquent une diminution de la population scolaire pour supprimer des classes. Si cela était le cas, ce serait au contraire le moment d'améliorer les choses, de donner davantage de moyens aux enseignants pour faire dans de meilleures conditions leur métier, avec la possibilité de mieux aider les élèves, et de consacrer plus de temps à ceux qui sont en difficulté. L'Inspecteur d'Académie du Val-de-Marne déclare vouloir mettre l'accent sur les apprentissages de base (lecture, écriture et langage) et " réapprendre aux jeunes élèves à vivre en collectivité, à respecter les règles, la politesse et prévenir la violence ". Voilà pour les conseils aux enseignants. Mais ne serait-il pas, lui, dans l'obligation de mettre ses actes en accord avec ses paroles en organisant ses services de façon à confier aux enseignants un nombre d'élèves qui leur permette d'agir au mieux, pour mettre en oeuvre ses règles ?

Mais non, c'est la calculette qui tranche dans le vif. C'est, dans ce domaine comme dans d'autres concernant l'intérêt public, la logique comptable qui commande. Un dernier ajustement doit encore intervenir en septembre, au vu d'un comptage d'élèves. Cette façon de procéder désorganise la rentrée avec des enseignants qui ne sont pas encore nommés.

Les responsables censés être en charge de l'Éducation nationale cherchent à grignoter au maximum sur les effectifs de l'encadrement, quitte à reculer parfois face à une réaction collective des enseignants et des parents. On a assisté ces dernières semaines à des manifestations et à des occupations d'écoles, qui ont contraint les responsables à reculer, au moins partiellement, dans leurs intentions de faire régresser l'accueil des élèves. C'est déjà ça ! La tactique des responsables de l'Education nationale est classique. Ils empiètent sur les acquis, puis reviennent en arrière, si les parents et les enseignants réagissent. Mais leur coup réussit lorsqu'il n'y a pas de réaction.

La leçon est claire : pour que les besoins soient pris en compte, avec priorité aux quartiers populaires, il faudrait un service public d'éducation soumis au contrôle de ceux qui éduquent les enfants, parents et enseignants réunis, et un budget qui permette d'obtenir le nombre d'enseignants qu'il faut.

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