" Madame de ", une députée respectueuse05/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

" Madame de ", une députée respectueuse

L'esclavage des femmes qu'est la prostitution s'étend et s'étale à travers les rues de Paris, mais aussi de province, y compris au long des routes. Chacun dénonce la recrudescence de la présence des prostituées, souvent très jeunes, victimes de réseaux en provenance, en particulier, des pays de l'Est et de l'Afrique.

Ce qui révolte, c'est qu'au vu et au su de tous prospère cette traite d'êtres humains, avec son cortège de violences, de traitements infamants et inhumains. La misère matérielle qui s'est développée dans ces pays a fait que les trottoirs de Bangkok et de Manille s'installent à Paris via " Bucarest-la-Pauvre ".

Françoise de Panafieu, députée vedette de la droite à Paris, qui serait une protégée de Chirac, femme politique qui se présentait il y a peu encore comme sensible au sort réservé aux femmes et qui dénonçait le mépris qui imprégnait le milieu masculin - surtout d'ailleurs le milieu politique qui, disait-elle, n'hésitait pas à vouloir évincer des gens comme elle -, vient de montrer tout ce que pouvaient avoir d'intéressé ses prétendues positions féministes.

Car cette " madame de " n'a pas eu honte de proposer comme solution à l'augmentation du nombre de prostituées sur les trottoirs de Paris et de province la réouverture des maisons closes, en un mot des bordels. Histoire de " mieux contrôler ", a-t-elle déclaré, les prostituées. Il n'y a que cinquante-deux ans que les maisons de prostitution ont été fermées et interdites par la loi, en théorie pour rendre un peu de liberté aux filles victimes des mères maquerelles et autres proxénètes. Cette loi s'accompagnait d'un renforcement répressif contre le proxénétisme et des brigades spéciales de police devaient s'y consacrer. La loi n'a certes rien changé et la prostitution n'a pas cessé ni le proxénétisme, sous une autre forme et dans un autre cadre. Mais ça n'est pas une raison pour l'avaliser officiellement et en codifier le fonctionnement.

Madame de Panafieu n'a pas hésité à franchir le pas. Cacher cette tare qu'on ne saurait voir, explique-t-elle, afin de protéger des regards ce spectacle dégradant. Afin peut-être aussi d'empêcher que la valeur marchande des immeubles des beaux quartiers ne s'avilisse. Madame la députée a le sens des valeurs.

Elle peut être fière cette madame de Panafieu, elle a su égaler tout ce qu'il pouvait y avoir de plus méprisable et de plus honteux chez ses collègues du sexe masculin.

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