Etats-Unis : Scandales financiers en rafales05/07/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/07/une1771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Les scandales du capitalisme

Etats-Unis : Scandales financiers en rafales

Dissimulation de dettes, revenus gonflés, fraudes fiscales ou encore délits d'initiés : les dirigeants de WorldCom, le deuxième opérateur téléphonique longue distance des États-Unis, ont eu recours " à la bonne vieille fraude traditionnelle ", affirme un représentant de la Commission des services financiers. Ils ont gonflé artificiellement les profits de la société. Cette manipulation leur a permis d'annoncer 1,4 milliard de profits en 2001, alors que l'entreprise aurait dû déclarer d'importantes pertes. Aujourd'hui, pour éviter la faillite, la direction a déclaré qu'elle licencierait 17 000 salariés, soit un cinquième des effectifs du groupe.

Dans le cas de la faillite d'Enron, le courtier en énergie texan, les patrons avaient masqué les dettes de l'entreprise qui se montaient à plus de 24 milliards de dollars. Après avoir empoché des millions de dollars en salaires mirobolants, en fortes indemnités de licenciements ou en dividendes pour avoir vendu leurs paquets d'actions à temps, les patrons avaient littéralement jeté à la rue des milliers de salariés du groupe. Salariés qui avaient tout perdu puisqu'ils avaient investi toutes leurs économies dans les actions de la société pour financer leur retraite.

Des scandales financiers en série

D'autres grandes entreprises sont également embarquées dans la tourmente financière qui secoue les États-Unis. Tyco, un conglomérat industriel qui fabrique, entre autres, des équipements électriques, est sous le coup d'une enquête boursière. Son dirigeant a été accusé de fraude fiscale. Il aurait acheté des oeuvres d'arts et des propriétés avec l'argent du groupe industriel à l'insu du fisc... et des actionnaires. Affaire similaire chez ImClone, une société de biotechnologie, coupable de fraude et de spéculation. Autre société, autre magouille : le dirigeant de MobilCom, une société de téléphonie, a " emprunté " près de 68 millions d'euros à sa société pour faire racheter par sa femme des actions MobilCom, qui devaient servir ensuite à lancer un programme de stock-options souligne Libération du 27 juin. Qwest, entreprise de pointe dans la haute technologie, est également soupçonnée d'avoir trafiqué ses comptes. Enfin, le leader mondial du photocopieur, Xerox, a dopé son chiffre d'affaires de six milliards de dollars. La Commission boursière américaine lui avait déjà infligé une amende de dix millions de dollars, en avril dernier, pour avoir truqué ses comptes.

De nouvelles " affaires " financières en perspective ?

Face à l'ampleur des scandales de ces dernières semaines, même un journal conservateur comme Le Figaro est obligé de reconnaître, dans son édition du 27 juin, qu' " il n'est donc plus possible de penser que les abus commis par Enron, et tolérés par son auditeur Andersen, étaient une aberration ". D'aucuns prétendent qu'il faut " moraliser " la profession et " assainir " les moeurs du capitalisme ! Ainsi Bush, à l'annonce du scandale WorldCom, a déclaré que " les milieux d'affaires américains doivent comprendre qu'il y a mieux à faire que d'essayer de truquer les comptes, de faire disparaître 1 milliard ici ou 1 milliard là en espérant que personne ne remarque rien " et d'ajouter " le gouvernement fédéral poursuivra les coupables pour que les investisseurs et les employés aient la plus haute confiance dans le système (...). Les chefs d'entreprise coupables de fraude seront passibles de sanctions financières et, s'ils ont eu un comportement criminel, feront de la prison ".

Les rodomontades de Bush ne trompent personne venant d'un homme dont la fortune personnelle est loin d'être au-dessus de tout soupçon puisqu'il est lui aussi impliqué dans l'affaire Enron. Il n'est donc évidemment pas question pour le gouvernement américain - ni pour aucun autre gouvernement d'ailleurs - d'enfermer derrière les barreaux (pendant de longues années) les patrons indélicats, encore moins de s'en prendre à leur fortune. Ces déclarations visent à rassurer l'opinion publique et surtout à calmer la Bourse qui, à chaque annonce d'un scandale, réagit à la baisse. La confiance existe si peu dans les milieux de la finance que la Bourse américaine vient de demander à " 945 dirigeants de certifier personnellement les comptes de leur entreprise " comme si elle s'attendait à l'annonce de nouvelles fraudes financières et donc de nouvelles faillites.

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