Le véritable gouvernement de la France n'est pas élu par les électeurs. C'est cette poignée de dirigeants d'entreprises qui sont non seulement à la tête de grandes sociétés, mais qui sont également administrateurs dans les entreprises de leur pairs. Par exemple, dans le conseil d'administration de Vivendi, on trouve Claude Bébéar, fondateur de l'entreprise d'assurances Axa, Jacques Friedman, ex-PDG d'Air France et d'UAP. Jusqu'à sa démission, il y a une semaine, Bernard Arnault, PDG du groupe de l'industrie de luxe LVMH y siégait aussi. Et réciproquement, Messier était administrateur dans le groupe LVMH.

Ces participations croisées aux conseils d'administration des uns et des autres permettent à une poignée de grands patrons de mesurer les possibilités de profitsdes grands groupes qui constituent le capitalisme français. Ce serait un désaccord sur le choix de Messier de faire diminuer sa participation au sein de la filiale Vivendi Environnement, au point d'y devenir minoritaire, qui aurait fait naître une opposition parmi ceux que la presse appelle " les vieux patrons " et qui aurait entraîné la chute de Messier.

Cette chute de Messier rappelle en tout cas qu'un chef d'entreprise ne rend compte de ses activités que devant les gros actionnaires, et qu'il est révocable à tout moment par ses pairs. Des pratiques qui sont bien loin de celles qui règnent dans le monde politique actuel.