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Dans les entreprises
Stellantis : un patron qui vaut de l’or
Le conseil d’administration de Stellantis, la vraie voix des familles Peugeot et Agnelli, propriétaires de ce groupe automobile, a proposé que la rémunération de Carlos Tavares, le directeur général, c’est-à-dire leur serviteur, soit augmentée de plus de 50 % pour 2023. Dont acte depuis le 16 avril. Tavares touchera 100 000 euros… par jour, soit 36,5 millions d’euros pour un an.
Ces sommes astronomiques sont une insulte pour les centaines de milliers de travailleurs du groupe qui s’esquintent la santé à produire des voitures pour des salaires de misère. Mais ceux qui peuvent se payer un DG aussi cher gagnent collectivement 180 fois plus que lui. Pour 2023, les actionnaires de Stellantis ont encaissé 6,6 milliards d’euros, l’équivalent de 18 millions par jour ! Ils ont largement de quoi remercier Tavares de ses nombreux services.
La presse ne tarit pas d’éloges pour ce DG qui aurait rétabli la bonne santé de l’entreprise durant les dix ans de sa gouvernance. En réalité, avant lui, la mauvaise santé de l’entreprise était un mensonge fabriqué pour faire avaler la fermeture d’une usine comme celle d’Aulnay. La bonne santé de l’entreprise n’a rien à voir avec celle de ses ouvriers. Au contraire même, puisque chaque gain de productivité se paye d’un côté par des millions en plus, de l’autre par des souffrances et de l’exploitation en plus.
La bonne santé de l’entreprise vue par les actionnaires, ce sont aussi les licenciements. En dix ans, les usines qui composent aujourd’hui Stellantis sont passées de 400 000 emplois à 270 000. Pour ce qui est de la France, 22 000 emplois ont été supprimés dans le même temps.
Depuis la fermeture de l’usine PSA d’Aulnay en 2014, il y a eu bien d’autres fermetures de sites en France : le siège de l’avenue de la Grande-Armée, celui de Paris 17e, ceux de La Garenne, d’Herimoncourt, l’usine de Saint-Ouen et celle de Douvrin dans le Nord. Et d’autres usines encore sont sur la liste des sites susceptibles de fermer. Dans le monde, les ravages ont été aussi impressionnants. L’usine Opel de Bochum en Allemagne a fermé, ainsi que celle d’Aspern en Autriche. Les usines d’Italie, anciennement du groupe Fiat, ont connu plus de 7 500 suppressions d’emplois. Aux États-Unis, les suppressions d’emplois se multiplient aussi. Et partout l’esclavage sur les chaînes de production est aggravé par des cadences qui augmentent.
Le palmarès de Tavares se résume donc à compter combien de vies il a brisées, combien d’or il a fait rentrer dans les coffres-forts de tous ces parasites qui vivent de la sueur des ouvriers. À l’image de ce monde, il inspire le dégoût.