Italie : exploitation haute couture17/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2907-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : exploitation haute couture

La société Giorgio Armani Operations SpA, a été placée sous administration judiciaire par la justice italienne après la découverte d’ateliers clandestins près de Milan.

Le système de cette société, qui produit des vêtements et des accessoires pour les marques du groupe de luxe Giorgio Armani, est bien rodé. La maison-mère passe par un sous-traitant officiel qui ne possède pas la moindre usine. Celui-ci fait ensuite appel à des sous-traitants clandestins chinois qui exploitent les travailleurs jusqu’à 14 heures par jour pour un salaire horaire de 2 euros. Ils fabriquent notamment des sacs à main, revendus 1 800 euros en boutique. Voilà notamment comment se bâtissent des fortunes comme celle de Giorgio Armani, estimée à 11,3 milliards de dollars par le magazine Forbes.

Si le groupe Armani est aujourd’hui le seul visé par la justice italienne, c’est bien l’ensemble du secteur du luxe qui tire profit de cette exploitation. Il y a dix ans, c’est le groupe Kering, propriété du milliardaire français François Pinault, qui était visé par un reportage à la télévision italienne pour les mêmes faits visant sa marque Gucci dans la ville de Prato. Située près de Florence en Toscane, région italienne considérée comme la capitale de la maroquinerie de luxe, elle est la seconde ville européenne derrière Paris quant au nombre de travailleurs provenant de Chine pour alimenter en main-d’œuvre les ateliers de confection.

Cette affaire suscite un certain émoi, parce qu’elle touche le secteur du luxe et se déroule dans un pays riche. Au-delà du segment du luxe, c’est l’ensemble de l’industrie textile et, plus largement, de l’économie capitaliste qui, à l’échelle de la planète, fonctionne de la sorte, des usines américaines exploitant des enfants migrants venus d’Amérique centrale aux usines textiles du Bangladesh faisant travailler de jeunes ouvrières, en passant par les domaines agricoles ou les chantiers européens tirant profit des travailleurs sans papiers.

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