Agriculture : le prix plancher, c’est vache17/04/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/04/une_2907-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Agriculture : le prix plancher, c’est vache

Le 5 avril les quelques députés présents dans l’hémicycle ont voté le principe d’un prix plancher pour les produits agricoles. Il devrait obligatoirement dépasser le prix de revient et assurer au producteur un revenu équivalent à deux smic.

C’est le nouvel épisode, mais certainement pas le dernier, d’une série tragi-comique. La tragédie est celle des paysans contraints par la loi du marché, c’est-à-dire la dictature des trusts, de travailler pour rien, voire à perte, en s’endettant toujours plus. La comédie est jouée par les députés, les ministres et le président lui-même. La revendication du prix plancher, mise en avant par la Confédération paysanne et le Modef, deux organisations d’agriculteurs historiquement liées à la gauche, avait été reprise par LFI et proposée aux députés en novembre 2023. Les macronistes et la droite l’avaient alors rejetée, arguant finement que l’encadrement des prix serait le retour de l’Union soviétique ! C’est bien trop d’honneur pour l’habituelle et inefficace proposition d’aider par la loi les petits agriculteurs, tout en laissant les gros faire la pluie et le beau temps.

Le 24 février, après des semaines de manifestations de paysans et dans un Salon de l’agriculture survolté, Macron se prononçait pour « des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole et de ne pas céder aux pratiques prédatrices ». Ces belles paroles n’ont été suivies d’aucun effet, tant il est vrai que la FNSEA, principal syndicat agricole et porte-voix des capitalistes de la terre, est opposée aujourd’hui aux prix planchers. Les ministres interrogés ont affirmé malgré tout, quelques semaines durant, que les prix planchers de Macron n’avaient rien à voir avec ceux de la Confédération paysanne, que le président faisait preuve une fois de plus d’une grande sagesse et que toutes les couleuvres étaient bonnes à avaler pourvu qu’elles viennent de l’Élysée.

Puis est venu le 4 avril et la proposition de prix planchers déposée par surprise par une députée écologiste. Les députés macronistes ont voté contre car, disaient-ils, ces prix planchers-là étaient inopérants. Les parlementaires de droite étaient tous opportunément absents, ne voulant froisser aucune sensibilité rurale. Les représentants du RN ont fait une nouvelle fois grincer la girouette : historiquement opposés aux prix encadrés, le RN s’est prononcé pour au début du mouvement des paysans, puis contre lorsque Macron a été pour, et s’est abstenu le 5 mars, permettant à la proposition d’être votée.

Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Ce qu’a produit le hasard de la valse parlementaire, au gré des retournements de veste, sera sans doute bien vite annihilé par l’État, bras légal du capital en général, et de la FNSEA en l’occurrence.

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