LyvEat - Jura : petit patron, grosse arnaque31/01/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/02/2896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

LyvEat - Jura : petit patron, grosse arnaque

Dans le Jura, une entreprise locale de livraison de repas à domicile, LyvEat, est en difficulté et mettra peut-être la clef sous la porte.

Elle a accumulé des retards de paiement, autant auprès des 3 600 livreurs de ses différents centres que des restaurateurs.

L’entreprise a choisi les villes moyennes et un large rayon de livraison de 30 kilomètres, pour échapper à la concurrence des géants UberEats et Deliveroo, qui ont fait main basse sur les grandes agglomérations. Cela impose quelques modifications au système : là où Uber fait pédaler ses livreurs à vélo, ceux de LyvEat circulent en voiture, avec des trajets de parfois plusieurs dizaines de minutes. Par contre, le recrutement ne change pas : comme ses grands frères, LyvEat s’appuie sur une main-d’œuvre principalement immigrée ou handicapée, repoussée par le secteur conventionnel, qui présente l’avantage très net pour un patron de ne pas avoir d’autre choix.

Mais, après trois ans d’activité, l’entreprise ne suit plus. Les restaurateurs n’ont d’abord plus reçu l’argent des commandes honorées. D’où une campagne immédiate dans la presse locale, sur le thème : « Chez LyvEat, des retards de paiement plombent les comptes des restaurateurs. » On pouvait en revanche lire dans Le Progrès du 19 novembre 2023 : « Aucun problème n’a été noté du côté des livreurs. » C’est faux, car les livreurs ne sont plus payés normalement depuis l’automne ; certains attendent même plusieurs milliers d’euros, dont ils ont un besoin vital. Maintenant que l’entreprise est en redressement judiciaire, ils se demandent à juste titre s’ils verront un jour la couleur de leur argent. Ils ont un statut d’auto-entrepreneur qui n’offre aucune protection, et nombre d’entre eux n’ont même pas de papiers en règle.

De l’autre côté, les candidats ne semblent pas manquer pour récupérer le marché et la main-d’œuvre, si LyvEat vient à tomber. Mais, dans les grandes entreprises comme dans les petites, la concurrence est acharnée. Si un concurrent réussit à faire « mieux » que LyvEat dans un futur proche, ce sera surtout en exploitant « mieux » une main-d’œuvre précaire qui n’a que ce revenu pour vivre.

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