Grande-Bretagne : un pas vers le “tous ensemble” ?01/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : un pas vers le “tous ensemble” ?

Mercredi 1er février, en Grande-Bretagne, 500 000 travailleurs étaient appelés à la grève, dans ce qui s’annonçait comme la journée de mobilisation la plus massive depuis le début de la vague de revendications salariales au printemps dernier.

Une fois n’est pas coutume, plusieurs appareils syndicaux appelaient leurs adhérents à faire grève un même jour. Conducteurs de trains, instituteurs, salariés des universités, fonctionnaires des ministères et administrations : ils ont en commun d’exiger un rattrapage du pouvoir d’achat après une décennie de blocage des salaires et une année d’inflation à deux chiffres. Ainsi dans l’enseignement primaire, les salaires réels auraient reculé d’un quart en dix ans. Dans chaque secteur en lutte, le mécontentement, au-delà de la question du coût de la vie, prend ses racines dans les sous-effectifs et des conditions de travail dégradées.

Le 1er février également, le Trades Union Congress (TUC), l’organisation qui chapeaute la plupart des syndicats britanniques, appelait à des manifestations à Londres et en province « pour la défense du droit de grève ». Depuis qu’une fraction des travailleurs a retrouvé le chemin de la lutte, le gouvernement conservateur et les chiens de garde médiatiques de la bourgeoisie n’ont eu de cesse de dénigrer les grèves. Accusées d’être à la source de tous les dysfonctionnements, en particulier de la surmortalité dans les hôpitaux cet hiver, il faudrait d’après eux en restreindre le droit. Encore imprécis, le projet de loi présenté par le gouvernement au Parlement introduirait donc un service minimum lors des grèves dans les transports, l’éducation et la santé, entre autres. Heureusement, cette campagne anti­ouvrière ne trompe guère une population largement acquise aux grévistes. Car chacun sait que les services publics dysfonctionnent hélas même les jours sans grève…

Dans les semaines à venir, de nouvelles grèves sont annoncées. Dans 150 universités, 18 journées de grève sont programmées en février et mars. Les infirmières, en grève les 18 et 19 janvier, cesseront de nouveau le travail les 6 et 7 février. Les cheminots ont récemment confirmé par leur vote le principe de nouvelles actions de grève, et les postiers devraient suivre. Après des mois d’agitation, la vague de protestations ne retombe pas, voire fait tache d’huile. C’est en partie pour répondre à l’aspiration d’aller vers une grève générale, exprimée par bien des travailleurs du rang, que les bureaucraties syndicales ont appelé le 1er février à des grèves plus coordonnées que d’habitude.

En programmant toujours des grèves tournantes, par exemple chez les enseignants écossais et chez les ambulanciers, les chefs syndicaux continuent pourtant d’émietter les forces des travailleurs au lieu de les rassembler. Le « tous ensemble », ce sera aux travailleurs eux-mêmes de l’imposer.

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