Pénibilité, faux-semblants et vraie attaque01/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

retraites

Pénibilité, faux-semblants et vraie attaque

La « pénibilité du travail » a une longue histoire : elle a été utilisée par les gouvernements successifs comme un élément de division entre les travailleurs et comme un paravent pour leurs attaques répétées contre les retraites.

En 2003, la possibilité d’un départ à la retraite anticipé pour les métiers reconnus comme pénibles était déjà présentée comme l’une des contreparties de la réforme Fillon. En 2014, l’argument a de nouveau été servi par Hollande et Marisol Touraine pour justifier leur propre attaque contre les retraites. Cette réforme a accouché d’une usine à gaz, avec la création du « compte professionnel de prévention » (C2P). En réalité, sur les 9 millions potentiellement concernés par ce dispositif seuls quelques milliers de salariés ont obtenu un départ à la retraite anticipé. Aujourd’hui, le gouvernement de Macron ressert donc la même soupe pour tenter de justifier sa propre réforme, tout en avouant que cela ne concernera pas plus de 60 000 travailleurs supplémentaires.

Le véritable but de ce faux débat sur la pénibilité du travail consiste, en fait, à montrer du doigt les régimes spéciaux et les travailleurs à qui ces gouvernements successifs n’ont pas réussi à imposer les mêmes reculs qu’à l’ensemble de la population. Il s’agit de diviser les salariés entre ceux qui auraient un métier reconnu comme « pénible », et les autres. Mais il suffit de voir que les ouvriers sur chaîne, les caissières de supermarché, les travailleurs qui portent des charges lourdes ou sont exposés à des risques chimiques ne sont pas concernés par la « pénibilité du travail », telle que l’entend le gouvernement, pour se rendre compte de la supercherie !

En outre, l’actuel projet contre les retraites prévoit un rendez-vous avec la médecine du travail à 61 ans pour les travailleurs ayant exercé un métier considéré comme pénible ou à risque. Non seulement médecins et associations dénoncent le manque de médecins susceptibles d’assurer ces consultations, mais il s’agit surtout d’obliger les travailleurs à faire reconnaître individuellement qu’ils sont « usés professionnellement ». En clair, ce n’est plus le travail qui serait considéré comme pénible et usant, mais tel ou tel travailleur qui serait, éventuellement, reconnu comme usé par son travail.

Ainsi, gouvernement et commentateurs en tout genre discutent doctement du poids du boulet et de la chaîne. Au fond, c’est encore justifier le droit des patrons à estropier et abîmer des hommes et des femmes au nom du profit.

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