Titres de séjour : au gré du patronat01/02/20232023Journal/medias/journalnumero/images/2023/02/2844.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Titres de séjour : au gré du patronat

Comme l’indiquent les chiffres publiés le 26 janvier par le ministère de l’Intérieur, le nombre de premiers titres de séjour délivrés en 2022 a augmenté de 17,2 % par rapport à 2021.

Loin des fantasmes relayés, entre autres, par le journal Le Figaro, qui a titré que la France était « débordée par la pression migratoire », ces chiffres reflètent une vieille réalité : le niveau de l’immigration est dicté par le patronat, en fonction de ses besoins de main-d’œuvre.

En effet ce sont les délivrances de titres classées « économiques » qui progressent le plus par rapport à 2021, de 44,9 %. C’est-à-dire celles dont le motif est l’embauche dans les entreprises françaises. Viennent ensuite les titres de séjour délivrés aux étudiants, en hausse de 22,8 %. Ensemble, ces deux catégories représentent la moitié des 320 000 premières délivrances de 2022, sur un total de 3,8 millions de titulaires d’un titre de séjour. Dans le détail, le nombre de titres délivrés pour un emploi saisonnier ou temporaire a bondi de 76,4 % par rapport à 2021. À l’opposé, ceux délivrés pour raisons familiales et humanitaires sont stables, évoluant respectivement de +4,6 % et de -0,3 %.

Changer de lieu pour trouver un salaire a toujours fait partie de la condition des travailleurs, que ce soit à l’intérieur de son pays d’origine ou en émigrant, depuis les mineurs venus de Belgique en 1860 jusqu’aux travailleurs sur chaîne recrutés au Maroc en 1970 et tous les maçons, plongeurs et médecins venus de tout le globe aujourd’hui.

C’est après la publication de ces statistiques que le gouvernement lance son nouveau projet de loi Immigration. Déjà bien avant sa présentation en Conseil des ministres le 1er février, il avait annoncé que cette loi créerait un titre de séjour pour les travailleurs sans papiers employés dans les secteurs tels que l’hôtellerie ou la restauration. Cette nouvelle disposition satisfait le syndicat patronal de ces secteurs. Elle représente une attaque supplémentaire contre une partie des immigrés en rendant plus difficile l’obtention d’un titre de séjour. Le projet prévoit aussi la levée de certaines protections contre les expulsions et l’augmentation des capacités des centres de rétention de 1 200 à 3 000 places.

Quoi qu’il en soit des besoins du patronat, des chiffres et de la propagande gouvernementale, les travailleurs se déplacent à la recherche de leur gagne-pain. Ils forment une seule classe sur toute la planète. À bas les frontières !

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