Internes épuisés : les ravages de la politique de santé23/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Internes épuisés : les ravages de la politique de santé

Samedi 19 juin, des internes en médecine ont manifesté dans plusieurs villes, dans le cadre d’une grève de deux jours appelée par l’intersyndicale nationale des internes.

À Paris, ils étaient une centaine. Ils dénoncent leur charge de travail énorme, leur épuisement, mais aussi l’omerta à ce sujet dans le milieu médical.

Les internes, qui sont 30 000 à l’échelle du pays, sont des étudiants en médecine en cours de spécialisation. En pratique, ils servent de palliatif au manque de médecins diplômés dans les hôpitaux et en occupent les fonctions. Leur charge de travail moyenne en période normale dépasse les cinquante heures par semaine. Mais ces derniers mois, lors des deuxième et troisième vagues de Covid, plusieurs d’entre eux ont déclaré avoir fait plus de quatre-vingt-dix heures !

Depuis des mois, certains parmi eux dénoncent cette situation catastrophique, qui a provoqué burn-out, dépressions et plusieurs suicides depuis le début de l’année. Sans parler de ce qu’affirmaient des banderoles dans la manifestation : « Internes épuisés = patients en danger. »

La mobilisation des internes est tout à fait justifiée. Cependant, la revendication portée par l’intersyndicale se limite à l’application du maximum légal de 48 heures de travail par semaine, sans rien dire du problème des effectifs. Or les internes sont bien les victimes, comme le reste du personnel soignant et comme le reste de la société, de la politique de diminution des postes de soignants, dont sont responsables tous les gouvernements depuis des décennies. Au-delà de l’épuisement physique et moral, cette pénurie organisée, alliée au sentiment qu’on ne peut pas laisser les patients sans soins, engendre chez les internes une pression accrue pour tout accepter.

Où mène cette pénurie, c’est l’objet de témoignages qui se sont récemment multipliés, ainsi que d’une étude publiée en octobre, à laquelle ont participé 20 % des internes. D’après ceux-ci, les agressions physiques, sexuelles et psychologiques à leur encontre sont complètement banalisées, et atteignent des niveaux ahurissants. 93 % des internes interrogés déclarent même avoir subi des violences psychologiques de la part de médecins qui les encadraient.

La situation des internes est un révélateur, parmi tant d’autres, des ravages que subit tout le système de santé. Leur lutte ne peut être isolée de celle du personnel des hôpitaux.

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