Sommet du G7 : la Chine dans le viseur23/06/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/06/2760.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sommet du G7 : la Chine dans le viseur

Réunis pour la première fois depuis le remplacement de Trump par Biden, les dirigeants du G7, les sept principales puissances mondiales (États-Unis, Canada, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Japon et Italie) ont tenté lors de leur sommet du 13 juin d’afficher des positions communes, malgré leurs rivalités.

Pandémie oblige, les dirigeants des pays riches ont proposé de fournir, d’ici un an, 1 milliard de doses de vaccins pour les pays pauvres, les États-Unis en fournissant la moitié. Un tel engagement, maintenant qu’une partie importante des habitants des pays riches va être vaccinée, est d’abord un beau cadeau pour Pfizer, Moderna, AstraZeneca et autres firmes pharmaceutiques qui fourniront les doses au prix fort. En effet la levée des brevets n’est pas pour demain : les dirigeants du G7 se sont seulement « engagés à poursuivre les discussions devant l’OMS ».

L’autre sujet qui a agité ce G7, ce sont les relations avec la Chine. Si le langage de Biden tranche avec celui de Trump, sa politique n’en est pas très différente. Comme lui, il fait de la Chine « un concurrent déloyal » qui menacerait les capitalistes américains et l’hégémonie occidentale dans le monde. En cause, une fois encore, « les routes de la soie », c’est-à-dire les partenariats économiques et les voies de transport que la Chine cherche à ouvrir vers l’Europe mais aussi vers l’Afrique et d’autres pays pauvres. Le lendemain du G7, lors du sommet de l’Otan à Bruxelles – cette alliance militaire construite contre l’ancienne Union soviétique–, la Chine a été pour la première fois désignée comme « une menace grandissante » et ses ambitions qualifiées de « défis systémiques pour l’ordre international ».

Quoi qu’en disent Biden et les dirigeants occidentaux, et malgré l’arrivée de grandes firmes chinoises sur le marché mondial, la Chine est évidemment bien loin de menacer l’hégémonie américaine. Les « routes de la soie » si décriées serviront au moins autant aux pays européens pour exporter des marchandises vers la Chine que l’inverse. Quant à la menace militaire, pour en accuser la Chine, il faut une sacrée dose de cynisme aux puissances occidentales, dont la France, qui envoient leurs sous-marins, leurs porte-avions et autres navires patrouiller en mer de Chine du sud, à des dizaines de milliers de kilomètres de leurs propres côtes. Celles qui se comportent en fauteurs de guerre sont d’abord les puissances impérialistes, à commencer par les États-Unis, décidées à conserver coûte que coûte leur hégémonie dans une économie capitaliste en crise.

Ces puissances sont en concurrence entre elles et ne jouent pas dans la même division. D’un côté, l’Allemagne, la France, le Japon ou l’Italie ne veulent pas compromettre les affaires de leurs capitalistes nationaux, menacés de représailles par le gouvernement chinois. Mais, par ailleurs, les dirigeants européens sont très dépendants du marché américain (5 000 milliards de dollars par an), et n’ont d’autre choix que d’emboîter le pas à Biden. Le « péril jaune » qu’ils mettent en scène leur permet de désigner un bouc émissaire aux travailleurs et de justifier des sacrifices imposés au nom de la compétitivité face à la Chine.

Quelles que soient les réserves des uns et des autres, la logique de la guerre commerciale s’impose aussi, avec les tensions diplomatiques qui en découlent, voire les tensions militaires qui peuvent conduire à la guerre tout court.

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