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AstraZeneca : condamné… à continuer de faire ce qu’il veut
La décision rendue par le tribunal de Bruxelles, vendredi 18 juin, a sans surprise été très clémente envers le trust pharmaceutique AstraZeneca, accusé par la Commission européenne de ne pas avoir livré à temps les doses de vaccins auxquelles il s’était engagé.
Le tribunal a ainsi seulement évoqué un comportement « fautif », alors que ce trust est responsable des retards de la campagne de vaccination. En effet, durant le premier trimestre 2021, en pleine deuxième vague de l’épidémie de Covid, AstraZeneca n’a livré que 30 millions de doses, sur les 100 millions promises, et les trois mois suivants à peine 70 millions, sur 200 millions promises. Combien de morts supplémentaires cette pénurie a-t-elle entraînés ? Il y a quelques mois, un médecin écrivait : « 100 000 personnes vaccinées aujourd’hui plutôt que demain, ce sont 40 morts de moins. »
En plus, le tribunal n’a condamné le trust pharmaceutique à aucune amende pour le préjudice passé. Il l’a seulement obligé à verser d’ici le 27 septembre 50 millions de doses, au lieu des 200 millions manquantes, que le trust s’était engagé par contrat à livrer. Et si AstraZeneca ne le fait pas, il devra payer dix euros par dose manquante, beaucoup moins que ce que demandait la Commission européenne, qui voulait que ce soit dix euros par jour de retard.
Malgré cela, celle-ci s’est déclarée satisfaite. Si elle a attaqué AstraZeneca en justice, c’est surtout pour faire mine de réagir, parce que la pénurie a tellement choqué la population. À cela, s’est sans doute ajoutée la guéguerre économique actuelle entre les dirigeants des États de l’Union européenne (UE) et ceux de l’Angleterre. Les premiers reprochent en effet surtout à AstraZeneca, qui est un groupe capitaliste anglo-suédois, d’avoir donné plus de doses à l’Angleterre qu’aux pays de l’UE. Ce qui est vrai. Mais si, sur le premier trimestre, le groupe n’a livré que 18 % des doses promises aux pays de l’UE, il n’en a de toute façon versé que 37 % à l’Angleterre.
Pendant le procès, les dirigeants d’AstraZeneca n’ont cessé de pleurnicher que « c’est choquant d’être accusé de fraude », car ils ont eu des « problèmes techniques ». Mais la pénurie n’est en rien accidentelle. Ils en sont responsables, car ils ont géré la production du vaccin en fonction exclusivement de la rentabilité et du profit. Non seulement ils n’ont pas développé de moyens supplémentaires pour produire les vaccins, mais ils n’ont utilisé que la moitié des usines mentionnées dans le contrat passé avec la Commission européenne.
AstraZeneca n’est pas le seul responsable de la pénurie généralisée des vaccins : tous les autres groupes pharmaceutiques se sont comportés de la même manière. Quant aux États et aux dirigeants de l’UE, ils ont été comme d’habitude complices, en laissant ces trusts faire ce qu’ils voulaient et en ne les contraignant pas à fabriquer les vaccins en quantité et quoi qu’il en coûte.