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Dans les entreprises
Psychologues en colère : une journée de protestation
Jeudi 10 juin, à l’appel des syndicats de salariés de la santé et des organisations professionnelles, les psychologues étaient nombreux à manifester dans tout le pays pour dénoncer leurs conditions de travail.
Depuis la crise sanitaire, les demandes de suivi augmentent. Les publicités gouvernementales mensongères laissent à penser qu’il est simple de se faire aider quand on souffre et de trouver du personnel pour cela. Mais il n’y a pas eu d’embauche supplémentaire dans les hôpitaux, et les délais pour obtenir un rendez-vous dans un CMP (centre médico-psychologique) vont de quelques mois à plus d’une année.
La plupart des psychologues travaillent à temps partiel et sont contractuels ou ont des CDD de plus en plus courts. En comptant l’augmentation que le gouvernement a attribuée après la première année de la crise sanitaire, les salaires à l’hôpital sont de 1 400 euros net pour un trois quarts de temps de travail, imposé dans différents services ; il faut alors trouver un emploi ailleurs pour compléter.
De plus, les économies sont permanentes. Dans la psychiatrie, la tarification à l’acte va être mise en place et entraînera encore des fermetures de lits et des suppressions de postes. Récemment, un hôpital psychiatrique a tenté de revenir sur la possibilité de faire appel par téléphone à des traducteurs pour des consultations avec des patients ne parlant pas français, disant que c’est trop cher !
À Clermont-Ferrand, cette journée a été l’occasion de se rencontrer et de faire connaître les revendications face à l’hypocrisie du gouvernement.
À Troyes, dans l’Aube, les psychologues se sont retrouvés à une centaine devant la préfecture, venant de l’établissement de Brienne, de l’hôpital et du centre médico-psycho-pédagogique de Troyes. D’autres, isolés dans de petites structures ou bien exerçant en libéral, étaient aussi présents.
Tous sont vent debout contre l’arrêté ministériel du 10 mars 2021 qui impose certaines pratiques, au détriment leur liberté d’exercice et de jugement. Ils dénoncent aussi les plateformes de coordination et d’orientation, qui instaureraient un tri entre les enfants et qui pousseraient les usagers à se tourner vers des soins en libéral, dans un contexte où les services de soins psychologiques et psychiatriques dans les établissements hospitaliers se réduisent d’année en année. Ils refusent enfin d’être affiliés à un ordre des psychologues qui ne pourrait que renforcer le corporatisme, voire donner à l’État davantage de moyens de cadrer le suivi des patients.
Comme le résumait un manifestant : « On veut nous imposer un fonctionnement où l’on ne soigne plus la personne dans sa globalité, mais uniquement un organe, son système nerveux. »
Ce coup de colère, d’une profession qui n’est guère habituée à se mobiliser, est un révélateur de la façon dont toutes les professions indispensables à la santé de la population sont attaquées, pour faire des économies, alors que dans le même temps les profits des groupes pharmaceutiques explosent.