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Leur société
Plis électoraux : quand la course à la rentabilité s’en mêle…
Après la panne mortifère qui a bloqué des appels de secours d’urgence, dont l’opérateur Orange, ex-France Télécom, est responsable, c’est la distribution de la propagande électorale qui est tombée en panne sur une partie du territoire, mettant sur la sellette La Poste et Adrexo.
Darmanin, ministre de l’Intérieur, a feint de s’étonner de cette nouvelle défaillance, qui vient après toutes celles que chacun a pu constater de la part de l’État dans la gestion de la pandémie. Le ministre a fait les gros yeux, sommant les distributeurs de prendre « toutes les mesures afin de rétablir un service normal pour le second tour des élections ». C’est une façon de se dédouaner, alors que l’État est doublement responsable. Il est l’actionnaire unique de La Poste, directement ou par l’intermédiaire de la Caisse des dépôts. Et c’est le ministère de l’Intérieur qui, en janvier dernier, a confié à Adrexo, société de distribution de prospectus publicitaires, celle des plis électoraux dans 51 départements pour les quatre prochaines années, alors que jusqu’à présent La Poste s’en chargeait sur tout le territoire.
Visiblement, cette société n’avait pas les moyens d’exécuter ce contrat, ce qui ne l’a pas empêchée de remporter l’appel d’offres. En organisant cette mise en concurrence, le gouvernement a pu offrir aux dirigeants d’Adrexo un pactole, dont il n’a d’ailleurs pas publié le montant, fragilisant un peu plus la distribution des plis électoraux, qui souffre déjà de la course à la rentabilité régnant à La Poste.
La Poste rogne sur tout, preuve en est la suppression de la prime de l’ordre de 200 euros que touchaient les facteurs il y a quelques années pour la distribution des plis pour les deux tours d’une élection. La Poste continue à percevoir une enveloppe du ministère de l’Intérieur, dont le montant n’est plus public, en sachant pertinemment que, dans nombre de cas, les tournées sont impossibles à terminer avec les effectifs actuels. Elle n’en a pas moins répondu au ministre de l’Intérieur que, pour le second tour des élections, « les 36 000 postiers concernés, ainsi que leurs encadrants, dans plus de 1 120 sites centres courrier, seront pleinement mobilisés ».
Le problème, c’est que des dizaines de milliers d’autres ne pourront pas être mobilisés, après les restructurations que La Poste effectue régulièrement pour supprimer des emplois dans les centres de tri et allonger la tournée des facteurs.