Centrafrique : L'intervention militaire ne met pas fin aux tueries01/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2370.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Centrafrique : L'intervention militaire ne met pas fin aux tueries

Un mois après le début de l'intervention française en Centrafrique, il est clair que celle-ci n'a pas mis fin aux tueries et aux exactions, mais a simplement contribué à faire basculer la peur d'un camp dans un autre. Auparavant la population chrétienne était la principale victime de la terreur instaurée par les bandes armées issues de la Séléka venues des régions musulmanes et qui se sont emparées du pouvoir. Aujourd'hui ce sont les musulmans qui sont assassinés par les milices anti-balakas, entraînant derrière elles une population assoiffée de vengeance.

Dans ce climat de haine, les musulmans de nationalité tchadienne ou camerounaise, habitant Bangui depuis longtemps, s'enfuient en catastrophe vers leur pays d'origine. Les autres, qui n'ont pas cette ressource, essaient de se réfugier là où ils le peuvent.

Lorsque François Hollande avait annoncé l'intervention au soir du 5 décembre, il avait déclaré que son but était uniquement de sauver des vies humaines. Derrière cet objectif proclamé s'en cachait un autre, beaucoup moins généreux. Ramener cette ancienne colonie à la dérive dans le giron de l'impérialisme français. Les militaires de l'opération Sangaris, épaulés par des troupes de leurs alliés africains, étaient censés désarmer les milices de la Séléka. Tout un processus politique devait ensuite déboucher sur des élections prévues au début de 2015. Le président de transition, Michel Djotodia, cet ancien chef de la Séléka auquel plus personne n'obéit, céderait alors sa place à un homme politique que la France aurait eu un an pour sélectionner parmi tous ceux qui ne demandent qu'à servir ses intérêts.

Mais au moment même où les troupes françaises commençaient à tenter de désarmer les bandes armées de la Séléka, les premières milices anti-balakas pénétraient dans Bangui. Ces milices s'étaient constituées dans les villages sous couvert d'autodéfense contre la Séléka et avaient aussitôt commencé à s'en prendre à la population musulmane. Depuis, ces tueries n'ont jamais cessé. Non seulement la présence des troupes françaises a été bien impuissante à les empêcher. Mais on a même vu des soldats tchadiens et burundais de la force africaine en Centrafrique (Misca) s'affronter à Bangui. Les Tchadiens voulaient empêcher les Burundais de désarmer des ex-Séléka. Encore ne s'agit-il là que de ce qui se passe à Bangui, car bien peu d'informations parviennent sur la situation dans le reste du pays, sous la coupe des bandes armées issues de la Séléka ou des milices anti-balakas.

François Hollande avait annoncé le 5 décembre que l'intervention « serait rapide et n'avait pas vocation à durer ». L'ambassadeur de France à l'ONU précisait alors que ce serait facile, car il n'y avait en face que « de petits voyous qui profitent de l'effondrement de l'État ». Mais aujourd'hui le gouvernement français se trouve pris dans un bourbier sanglant. Il s'y est engagé pour mettre sur pied un gouvernement sur lequel l'impérialisme français puisse compter, comme l'ont été tous les gouvernements centrafricains soutenus à bout de bras par l'armée française. Ces grands voyous, comme Bokassa qui se fit couronner empereur et ses successeurs, ont aidé l'impérialisme français à piller le pays, en se servant eux-mêmes au passage. Ils ont ainsi ouvert la voie à la tragédie actuelle.

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