Pour faire réellement reculer le chômage : Interdiction des licenciements01/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2370.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Pour faire réellement reculer le chômage : Interdiction des licenciements

Le gouvernement, l'opposition, tous les commentateurs ont scruté jusqu'au dernier moment les chiffres du chômage, maintenant un vrai-faux suspense autour de l'inversion de la courbe du chômage. Mais tout le monde savait que le chômage n'allait pas réellement reculer. Car il n'y a pas de miracle !

Chaque jour, une entreprise supprime des emplois ou ferme. Même pendant les fêtes, la série noire s'est poursuivie avec l'annonce de la liquidation de LFoundry, une société de 613 salariés près d'Aix-en-Provence, qui n'a plus que trois mois pour trouver un repreneur. Et que fait le gouvernement ? Il laisse faire !

De Peugeot jusqu'à ArcelorMittal en passant par Petroplus, Doux, Alcatel, le gouvernement a laissé les grands groupes ajouter des milliers de chômeurs aux millions existants. Comment le chômage pourrait-il reculer dans ces conditions ?

Ayrault et Sapin se sont répandus en subtilités statistiques, expliquant que cette hausse est « la baisse d'une augmentation », et qu'il faut encore patienter. Mais ce ne sont pas 100 000 contrats d'avenir qui peuvent répondre au problème de cinq millions de chômeurs puisqu'il faut compter aussi ceux qui ne travaillent que quelques heures par-ci, par-là et qui cherchent un emploi.

Patienter, espérer une hypothétique reprise, voilà tout ce qu'offre le gouvernement aux travailleurs. Alors qu'il y a urgence, alors que, à cause du chômage, des millions de travailleurs sont menacés dans leur existence même !

Il faut des mesures radicales et contraignantes. Sauf à interdire aux grands groupes de licencier, on n'arrêtera pas la montée du chômage. Sauf à se mettre en travers des intérêts du grand patronat, on ne stoppera pas l'hémorragie.

Mais il ne faut pas attendre cela de Hollande. Les vingt derniers mois ont montré qu'il ne fera rien contre le grand patronat. Au contraire, le gouvernement fait tout pour le contenter... en priant pour qu'il finisse par embaucher.

Le patronat a demandé plus de flexibilité ? Il l'a eu. Désormais, 80 % des embauches se font en CDD et la majorité sont des CDD de moins de un mois, la mobilité forcée est en place et les salaires eux-mêmes sont devenus flexibles.

Le patronat a demandé des baisses de cotisations ? Il les a obtenues. Avec le cadeau de 20 milliards de crédit d'impôt compétitivité, Hollande a même fait mieux que ce que Sarkozy promettait. Et à partir du 1er janvier, avec la hausse de la TVA, les classes populaires paieront une partie de ce cadeau.

Le patronat a demandé que l'âge de départ à la retraite soit reculé et que les droits soient réduits ? Cela a été fait.

Mais d'embauches, il n'y en a pas eu ! Gouvernement et grand patronat ont sacrifié les intérêts des travailleurs et de toute la société sur l'autel des profits. Cette situation ne peut pas durer. L'urgence pour les travailleurs est d'imposer l'interdiction des licenciements.

« Il n'y a pas de travail à donner à tous », répondront les patrons ? Eh bien, qu'on impose qu'il soit réparti entre tous, sans diminution de salaire !

Et pour résorber le chômage, il faut des embauches partout où le personnel manque, partout où la cadence de travail et les horaires sont devenus insoutenables, partout où les salariés ne peuvent plus poser leurs congés. Et il faut arrêter avec ces contrats précaires scandaleux où, tous les six mois, un travailleur en remplace un autre, mis au chômage.

Oui, cela coûtera au patronat. Mais les grands groupes ont de quoi payer, et, à défaut, qu'ils puisent dans les fortunes accumulées par les grands actionnaires !

L'année 2013 a vu le cours des actions augmenter de 15 %, cela a été, au dire des investisseurs, « un grand cru ». Cet argent peut sortir des coffres-forts et servir à payer des salaires si les travailleurs l'imposent.

Quant aux difficultés des plus petites entreprises, c'est à celles plus riches d'y parer et aux banques. L'État a aidé les banques en prétendant qu'elles étaient indispensables pour financer l'économie. Qu'elles le fassent donc ! Mais les travailleurs n'ont pas à être sacrifiés pour les entreprises éclopées du système capitaliste.

Dans une société normalement constituée, l'évidence imposerait que, en période de crise, l'argent serve d'abord à sauver les emplois, ce qu'il y a de plus essentiel et de plus vital à la population. Les actionnaires, les banquiers, le grand patronat ont de quoi voir venir, pas les classes populaires. Priorité doit être faite à leur emploi, leur salaire et leur retraite.

Éditorial des bulletins d'entreprise du 30 décembre

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