Corée du Sud : Grève des cheminots et répression gouvernementale01/01/20142014Journal/medias/journalnumero/images/2014/01/une2370.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Corée du Sud : Grève des cheminots et répression gouvernementale

Début décembre, la compagnie d'État Korea Railroad Corporation (Korail) a annoncé la création d'une filiale pour gérer une nouvelle ligne de TGV. Comprenant qu'il s'agissait du premier pas vers la privatisation des chemins de fer, avec à la clé des licenciements massifs, les cheminots n'ont pas attendu pour riposter, déclenchant une grève qui est à ce jour la plus longue de l'histoire de la compagnie. Le gouvernement a choisi la manière forte pour briser la grève, sans succès.

Le syndicat coréen des ouvriers du rail (KRWU) a déclenché la grève le 9 décembre, les grévistes de plus en plus nombreux paralysant par leurs actions une grande partie du réseau de transports national. Le 18 décembre, le gouvernement a déclaré la grève illégale et la compagnie a mis à pied 7 927 ouvriers. La police a effectué des descentes dans les locaux du syndicat à travers le pays. Puis un mandat d'arrêt pour « obstruction à l'activité économique » a été lancé contre 28 dirigeants et représentants syndicaux.

Le 22 décembre, à Séoul, près de 4 000 policiers ont encerclé la tour abritant la Confédération coréenne des syndicats (KTCU), dont fait partie le KRWU. Ils ont défoncé la porte vitrée du bâtiment et se sont frayé un chemin jusqu'au 17e étage, frappant et dispersant à l'aide de lacrymogènes les militants de la grève qui s'étaient massivement assis sur les marches des escaliers pour leur bloquer le passage. En tout, la confrontation a duré près de dix heures. La police a arrêté 130 personnes, mais n'a pas mis la main sur les dirigeants syndicaux qui, depuis, ont trouvé refuge dans un temple bouddhiste, où les forces de l'ordre n'ont pas osé pénétrer.

Samedi 28 décembre, la KTCU a appelé à une journée de grève générale en solidarité avec les cheminots : plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées au centre de Séoul. De son côté, Korail a entamé des procédures de licenciements et lancé un ultimatum aux grévistes, commençant à embaucher de nouveaux salariés en CDD.

Lundi 30, les dirigeants du syndicat ont annoncé la fin de la grève, ayant obtenu la mise en place de deux commissions pour étudier la question de la privatisation du rail, l'une avec des parlementaires de l'opposition, l'autre des représentants syndicaux. Il y a encore loin jusqu'au retrait du projet ! Mais la grève des cheminots, par sa détermination, a fini par mettre en difficulté le gouvernement et la présidente du pays depuis 2012, Park Geun-hye, parfois surnommée « la Dame de fer de Séoul ».

Les cheminots ont montré que la classe ouvrière avait la force de se battre, et pour tous les grévistes c'est certainement l'acquis le plus important de ce mouvement.

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