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- Lutte ouvrière n°2370
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États-Unis : Obama doublement assuré pour la maladie... mais pas contre le discrédit !
La loi d'Obama sur l'assurance-maladie était censée mettre une couverture médicale de qualité à la portée des quelque 50 millions de personnes qui en étaient dépourvues en s'adressant aux compagnies d'assurances privées. Permettre aux compagnies privées de faire un maximum de profits et prétendre offrir une couverture maladie abordable et universelle est tout simplement contradictoire. Et la mise en application de la loi Obama depuis le 1er octobre le démontre amplement. Le gouvernement attendait trois millions et demi de nouveaux contrats à effet au 1er janvier achetés aux assureurs privés mais Obama n'en annonce qu'un peu plus d'un million.
Parallèlement, les assureurs ont résilié brutalement le contrat de quelque 5 millions de personnes sous prétexte que ces contrats n'étaient pas conformes à la loi. Obama avait pourtant affirmé que ceux qui étaient satisfaits de leur assurance pourraient la garder. Mais les assureurs ont voulu ainsi obliger leurs clients à souscrire des assurances plus chères car il s'avère que les contrats proposés dans le cadre de la loi d'Obama sont bien plus chers, au point que le président vient de reconnaître qu'ils peuvent « ne plus être abordables » pour une partie de ceux qui viennent d'être brutalement privés de couverture médicale. Du coup, il vient de dispenser ces personnes de l'amende qui frappera ceux qui n'ont pas de couverture médicale en 2014. En somme Obama reconnaît que son système n'a pas engendré une baisse des tarifs des assureurs, bien au contraire, au point que des gens qui avaient les moyens de s'assurer pour la maladie n'en ont plus les moyens ! La première conséquence de la loi, c'est qu'il y aura encore plus de personnes sans couverture médicale en 2014.
Le système mis en place est tellement peu engageant que la plupart de ceux qui ont acheté une assurance sont surtout des personnes âgées, ou malades, ayant absolument besoin d'une couverture médicale et que les assurances refusaient jusqu'alors à cause de leur état de santé. Elles sont désormais obligées de les accepter et elles se plaignent que les personnes plus jeunes et en bonne santé ne soient pas pressées de souscrire une assurance médicale et elles menacent déjà d'augmenter leurs tarifs l'an prochain.
Acheter une assurance médicale ne veut pas dire que l'on bénéficie d'une couverture médicale. En effet les assurances ont un système de franchises annuelles et elles ne commencent à rembourser les dépenses qu'au-delà de la franchise. Selon un rapport cité par le Wall Street Journal, la franchise moyenne pour les plans bronze que l'on peut se procurer sur le site du gouvernement fédéral est de 5 081 dollars (3 000 euros environ) par an. C'est une augmentation de 43 % par rapport aux franchises moyennes payées avant la loi Obama ! Et au-delà de la franchise, l'assureur ne rembourse qu'une partie des frais médicaux, si bien que celui qui a souscrit un plan bronze a 40 % des dépenses qui restent à sa charge. Les plans argent, gold ou platine remboursent mieux les frais et ont des franchises moins importantes mais des primes beaucoup plus importantes. En fait, bien des gens auront acheté une assurance médicale mais ne bénéficieront toujours pas d'une couverture médicale car ils ne se feront pas soigner.
Des millions de gens s'apprêtent plutôt à payer l'amende prévue pour ceux qui n'ont pas acheté d'assurance. Et l'amende en question augmente fortement d'une année sur l'autre : 1 % de son revenu avec un minimum de 95 dollars (73 euros) en 2014, puis 2 % du revenu du ménage avec un minimum de 325 dollars (250 euros) en 2015, puis en 2016, 2,5 % du revenu du ménage avec un minimum de 695 dollars (534 euros)... pour convaincre tout un chacun de payer une assurance privée.
La nouvelle loi ne profitera au mieux qu'à une petite minorité de personnes. Alors qu'une partie de la population devait être couverte gratuitement par une extension de la couverture médicale publique accordée aux pauvres et gérée par les États, Medicaid, la moitié des États ont refusé d'appliquer cette extension sans que le gouvernement songe à les y contraindre. De plus, le gouvernement fédéral lui-même réduit le financement de Medicaid au moment même où il propose qu'il soit étendu, si bien que les soins accordés aux malades pris en charge par Medicaid sont de plus en plus réduits et difficiles d'accès.
Au total le nombre de personnes sans assurance-maladie va continuer à se chiffrer par dizaines de millions et la loi d'Obama aura constitué un racket de grande ampleur sur la population, un racket très profitable pour les compagnies d'assurances.
Inutile de dire que la nouvelle loi a fait tant de mécontents, y compris parmi ceux qui pensaient qu'elle leur donnerait accès à une couverture médicale, que la cote d'Obama et des démocrates est au plus bas et que les Républicains sont donnés gagnants lors des élections de novembre prochain.