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Dans le monde
La conférence de Doha sur le réchauffement climatique : Les grandes puissances s'en moquent
Après quinze jours de discussions, la conférence sur le réchauffement climatique s'est conclue le 8 décembre sur un accord de dernière minute, qui est en réalité un constat de désaccord.
Cette conférence, qui se tenait à Doha au Qatar et réunissait les représentants de 190 États, a opposé une fois de plus les pays industrialisés gros pollueurs, c'est-à-dire les États-Unis, le Canada, le Japon, la Russie, aux pays les plus pauvres directement menacés par les effets du réchauffement climatique. Et, comme d'habitude, les plus puissants ont imposé leur loi, inspirés non pas par les soucis liés au climat mais par leurs intérêts.
Les spécialistes ont de bonnes raisons de s'inquiéter des effets de l'industrie sur le climat. Ils estiment que les émissions de gaz à effet de serre, les déforestations et les multiples pollutions entraînent un réchauffement continu de la planète, la fonte des glaciers, de la banquise et une élévation du niveau des mers, qui seraient responsables de l'augmentation des sécheresses, des inondations, des canicules et d'une intensification des cyclones et typhons.
Il faudrait donc réduire ces pollutions liées à l'industrie et à l'agriculture industrielle, en diminuant les émissions de gaz à effet de serre, le gaz carbonique en premier lieu. Des accords ont été conclus dans ce sens, comme par exemple le protocole de Kyoto de 1997, qui est entré en vigueur en 2005 mais n'a jamais été ratifié par les États-Unis, le plus gros émetteur mondial. Le système adopté pour réduire ces émissions de gaz a surtout consisté à établir des quotas d'émissions, c'est-à-dire des « permis de polluer », qui ont vite donné lieu à un marché lucratif. Aussi, malgré les réunions annuelles organisées autour de ce protocole de Kyoto, il est difficile de savoir s'il a provoqué une réelle diminution des émissions. D'autant que la crise économique est venue brouiller les cartes, en entraînant une diminution de la pollution, non pas grâce à des mesures de protection prises par les industriels, mais du fait de la réduction de la production.
Un des problèmes est ce qu'on appelle « l'air chaud », c'est-à-dire les surplus de « permis de polluer » non utilisés, qui représentent 13 milliards de tonnes d'équivalent CO2. Ces surplus sont détenus principalement par la Russie, l'Ukraine et la Pologne. Mais les pays qui les détiennent refusent leur annulation, car ils représentent pour leurs budgets des milliards de réserves.
L'accord conclu porte justement sur un prolongement du protocole de Kyoto, qui expire fin 2012. L'Union européenne, l'Australie et quelques autres pays s'engageraient une nouvelle fois à réduire leurs émissions d'ici 2020. Mais l'ensemble de ces pays ne représente que 15 % de ces émissions. Autant dire que, même si ces engagements se concrétisaient, ils resteraient symboliques. Dans ces négociations, en réalité on ne parle pas climat, mais gros sous. Les États des pays riches ne veulent pas imposer à leurs industriels des normes qui leur coûteraient cher. Ils refusent aussi aux pays pauvres les aides nécessaires. De 2010 à 2012, ces aides se sont montées à dix milliards de dollars par an. Ces pays demandent vingt milliards par an d'ici 2015, avec la perspective d'arriver à cent milliards par an d'ici 2020. Cela représenterait bien peu de chose pour les budgets des grandes puissances. À titre de comparaison, en 2010 la France a, selon la Cour des comptes, accordé aux entreprises 172 milliards d'exonérations et de cadeaux fiscaux. Mais tous les États réservent leurs largesses à leur propre bourgeoisie. Et aujourd'hui, à l'appui de leur radinerie, ils peuvent en plus invoquer la crise.
On ne pourra combattre efficacement le réchauffement climatique sans s'en prendre à ces grands pollueurs.