Dans le cadre des négociations salariales, les travailleurs de Rhodia étaient appelés à faire grève le 12 et le 13 décembre. L'appel concernait treize sites dans tout le pays, à Valence, Aubervilliers, dans les régions lyonnaise et grenobloise, à Besançon, à Chalampé en Alsace, à la Rochelle...

C'est un premier pas pour réagir aux attaques de la direction du groupe, qui fait courir des rumeurs de suppressions d'emplois alors que les ventes et les résultats de l'entreprise sont au beau fixe.

Tous les indicateurs sont au vert pour ce groupe qui est le leader mondial dans la plupart de ses produits. Le chiffre d'affaires de la branche Rhodia a ainsi augmenté de 20 % entre 2011 et 2012. Et le groupe Solvay-Rhodia va distribuer 370 millions d'euros de dividendes à ses actionnaires pour l'année 2012. Ces chiffres montrent qu'il y a de l'argent, même si le PDG du groupe, Jean-Pierre Clamadieu, un proche du Parti socialiste, a pu dire que, « même si les résultats économiques du groupe sont bons, au-delà de nos prévisions, il nous faut rester prudents compte tenu de la crise économique ». Mais, vu les résultats de l'entreprise, rien ne justifie les sacrifices que la direction voudrait imposer aux travailleurs.

Fin novembre, la direction du groupe a ainsi annoncé un plan de 70 suppressions de postes, essentiellement de techniciens, cadres et ingénieurs. Et, dans les ateliers de production de plusieurs sites, elle fait circuler des rumeurs d'autres suppressions. Elle explique avec cynisme qu'elles sont nécessaires pour réaliser les économies promises aux actionnaires. Mais pourquoi ne demande-t-on pas à ces derniers, qui ne fournissent aucun travail, de diminuer leurs dividendes ou d'y renoncer ? Et pourquoi les travailleurs devraient-ils subir le blocage de leurs salaires, alors que tous les prix augmentent, la nourriture, les logements, le gaz bientôt ?

Les travailleurs de Rhodia en grève affirment qu'ils sont dans leur droit le plus élémentaire en demandant des augmentations générales pour tous. Il y a de l'argent dans les caisses de Solvay-Rhodia, comme dans celles des autres grands groupes. Les grévistes montrent qu'ils ne se résignent pas, ne baissent pas les bras. Et rien que ça, c'est important pour le moral.