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Dans le monde
Allemagne : L'annonce de la fermeture de l'usine Opel de Bochum
Après avoir menti aux travailleurs pendant des années, General Motors (GM) a annoncé le 10 décembre la fermeture de son usine Opel à Bochum. 4 000 travailleurs de l'usine et des milliers de sous-traitants perdraient leur emploi d'ici 2016.
Ces derniers mois, alors qu'elle avait depuis longtemps pris sa décision et qu'elle organisait discrètement la fermeture, la direction a invariablement répondu aux ouvriers inquiets que rien n'était décidé. Au mois de novembre encore, elle a exigé d'eux 4 % de baisse de salaire, condition qu'elle posait pour accepter de « continuer à négocier l'avenir de l'usine ». Quel cynisme !
Au fil des ans, des installations modernes ont été implantées dans les usines Opel d'Eisenach et de Rüsselsheim, les conditions et les rythmes de travail se sont aggravés. Aujourd'hui, il sort autant de voitures de ces deux usines qu'il en sortait avant des trois usines prises ensemble. Les « surcapacités » dont aiment parler les constructeurs, c'est donc Opel lui-même qui les a créées. Sa stratégie a été d'aggraver l'exploitation dans deux usines pour fermer la troisième, sans produire une voiture de moins.
Pour les ouvriers d'Opel, et au-delà pour toute une partie des habitants de la ville, c'est une catastrophe. Mais qu'importe aux actionnaires ? La main sur le coeur, le numéro un d'Opel explique que, non, l'usine de Bochum ne va pas être fermée, puisque... le magasin d'usine continuera d'exister. La présidente de la région (Rhénanie-du-Nord -- Westphalie) a pris un ton combatif pour dire que les négociations avec Opel allaient être serrées... concernant l'installation d'entreprises alternatives sur le site. C'est dire qu'elle entérine la fermeture. Mais, dans cette région de la Ruhr déjà particulièrement touchée par le chômage et la misère, le conte de fées de la création d'emplois de remplacement ne prend guère : c'est ce qu'on a raconté pendant des décennies aux mineurs qui essayaient d'empêcher la fermeture de leurs puits ; pendant ce temps-là, le chômage n'a fait que monter.
Politiciens et journalistes reprennent comme des perroquets l'affirmation des dirigeants d'Opel : le groupe est obligé de restructurer, sous peine de faillite. Pourquoi faudrait-il les croire sur parole ? En 2010, General Motors et Chrysler s'étaient dépêchés de verser 2,3 milliards de dollars à leurs actionnaires avant d'expliquer qu'ils étaient en faillite. Se déclarant insolvables, ils ont pu licencier à peu de frais 47 000 salariés dans le monde, fermer un quart de toutes les usines sans trop de grabuge, et baisser tous les salaires aux États-Unis. Juste après cette attaque massive contre les travailleurs, en 2011, GM recommençait à verser des dividendes aux actionnaires et déclarait 7 milliards de profits. Entre-temps, des dizaines de milliers de travailleurs avaient été privés de leur gagne-pain.
Alors, GM n'aurait pas les moyens de maintenir les trois usines et tous les emplois ? En prenant sur les profits des actionnaires, bien sûr qu'il en aurait les moyens. Pour cela, il faudra réussir à arracher à une poignée de grands actionnaires le pouvoir d'agir comme des dictateurs, qui ruinent la vie de milliers de familles et de régions entières.