République d'Irlande - Les élections du 25 février : Les fauteurs d'austérité censurés09/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2223.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans le monde

République d'Irlande - Les élections du 25 février : Les fauteurs d'austérité censurés

Comme l'avaient prévu les sondages, les élections du 25 février en Irlande se sont soldées par une déroute cuisante pour la coalition sortante du Fianna Fail et du parti des Verts.

Fianna Fail (« Guerriers d'Irlande »), le parti de la droite populiste nationaliste, a été au pouvoir pendant 61 ans depuis qu'il a formé son premier gouvernement, il y a 79 ans, en 1932. Depuis cette date, jamais il n'avait eu moins de 39 % des voix dans une élection parlementaire.

Or, le 25 février, son score s'est écroulé à 17,4 % (contre 41,6 % en 2007), ce qui lui vaut de perdre les deux tiers de ses sièges. Quant à son acolyte le parti des Verts, il perd la totalité de ses six sièges.

De son côté, Fine Gael (Irlande Unie), l'autre parti de droite, qui se veut « moderniste » et pro-britannique, a obtenu 36,1 % des voix (contre 27,5 % en 2007) et formera le nouveau gouvernement.

L'électorat a ainsi sanctionné lourdement le dernier plan d'austérité (le 4e en trois ans), que le gouvernement sortant avait adopté lors de son budget de décembre 2010. Mais c'est une sanction qui reste ambiguë du fait de la politique des principaux partis.

Sans doute les grands bénéficiaires de la déroute de Fianna Fail sont-ils les deux principaux partis qui se situent sur sa gauche : le Parti Travailliste, qui double pratiquement son score pour passer à 19,4 % des voix, et le Sinn Fein (nationalistes liés à l'ancienne Armée Républicaine Irlandaise d'Irlande du Nord) dont le score augmente de moitié pour atteindre près de 10 %.

Mais le fait de voter pour l'un de ces deux partis ne permettait pas d'exprimer un refus des mesures d'austérité, car l'un comme l'autre se sont bien gardés de faire campagne pour l'annulation de ses mesures - pas même pour celle de la baisse du salaire minimum, pourtant l'une des revendications des syndicats, bailleurs de fonds du Parti Travailliste - et encore moins pour une politique visant à faire payer au capital les frais de sa crise.

En fait, aussi bien le Parti Travailliste que Sinn Fein se sont surtout cantonnés dans une démagogie aux relents chauvins, dirigée contre l'acceptation par Fianna Fail du plan de « sauvetage » du FMI et de l'Union européenne de novembre dernier.

À peine le décompte des voix était-il terminé que des pourparlers se sont ouverts entre Fine Gael et les travaillistes en vue de la formation d'un gouvernement de coalition. Car, comme tant de fois dans le passé, c'est la seule politique qu'ait le Parti Travailliste. Qu'importe que Fine Gael soutienne les mesures d'austérité, voire propose de les aggraver ! Tout au plus sortira-t-il de ces marchandages quelques aménagements de détail de ces mesures, pour permettre au Parti Travailliste de se prévaloir d'une « bonne raison » de participer à une telle coalition.

Reste à savoir quelle sera l'attitude des directions syndicales sous ce nouveau gouvernement. Depuis novembre dernier, celles-ci n'ont pris aucune initiative, pour ne pas « gêner » la campagne travailliste. Mais quelques syndicats isolés ont quand même appelé les travaillistes à refuser toute coalition. Cela veut-il dire que ces syndicats vont proposer de nouvelles initiatives aux travailleurs, face à des mesures qui pèsent de plus en plus sur la classe ouvrière ? Si ce n'est pas le cas, et en particulier si les leaders syndicaux choisissent de ne pas mettre les ministres travaillistes en difficulté, c'est des rangs des travailleurs eux-mêmes que ces initiatives devront venir.

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