Martinique - Guadeloupe - Le jugement contre la secrétaire générale de la CGT Martinique : Les possédants békés veulent se venger de la grève09/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2223.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Dans le monde

Martinique - Guadeloupe - Le jugement contre la secrétaire générale de la CGT Martinique : Les possédants békés veulent se venger de la grève

Dans son jugement daté du 2 mars, le tribunal de grande instance de Fort-de-France a condamné Ghislaine Joachim-Arnaud, dirigeante de Combat Ouvrier et secrétaire générale de la CGTM, pour « provocation à la discrimination, à la haine, à la violence à l'égard d'un groupe de personnes, en l'occurrence les Békés, à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une race déterminée ».

Elle a été condamnée à 3 000 euros d'amende et à verser 2 000 euros à l'association Collectif Dom après la plainte de Jean-François Hayot, le représentant d'une des plus grosses fortunes de l'île.

Pourquoi ? Pour avoir écrit sur le livre d'or d'une chaîne de télévision, à l'issue d'une émission, le slogan crié par des dizaines de milliers de travailleurs martiniquais pendant la grève générale de 2009 et affirmant que la Martinique n'appartenait pas aux profiteurs.

Ce jugement, pour les Békés (descendants des planteurs esclavagistes) et les possédants en général, est une façon de se venger de la peur panique qu'a provoquée dans leurs rangs la grève de 2009. Il se veut une condamnation d'un prétendu racisme venant de Ghislaine Joachim-Arnaud et des travailleurs. Mais en condamnant une dirigeante syndicale fille d'un peuple issu de trois siècles d'esclavage et de colonialisme, ce jugement revient à encourager le racisme officiel représenté par la caste béké possédante et entretenu par le pouvoir colonial !

Car le racisme officiel, institutionnel, continue à exister en Martinique, cette vieille colonie française où tous les postes dirigeants ou presque sont occupés par des Blancs alors que la majorité de la population est noire ou de couleur.

En Martinique, le racisme de l'État colonial et des Békés possédants s'est exprimé de manière sanguinaire pendant des siècles. Pour ne citer que quelques exemples : en 1934 André Aliker, journaliste communiste qui dénonçait sans cesse l'exploitation des Békés possédants, a été assassiné. En 1959, les forces de répression coloniales tuaient trois jeunes dans les rues de Fort-de-France à cause d'une simple altercation avec un Blanc. En 1961, elles faisaient trois morts lors de la grève des travailleurs de l'usine du Lamentin, et en 1974 à Chalvet deux travailleurs ont été froidement assassinés lors d'une grève de masse par les forces coloniales défendant la propriété des gros possédants.

Les possédants, exploiteurs de toutes couleurs, sont et resteront les ennemis irréductibles de ceux qui militent aux côtés des travailleurs. Quant à ces derniers, ils ont pour frères les Noirs, Indiens, Métis et Blancs, natifs ou pas de l'île, dès lors qu'ils se situent dans le camp des travailleurs et des pauvres, ainsi que dans celui des travailleurs français de l'Hexagone et du monde entier.

Ghislaine Joachim-Arnaud et ses avocats ont bien sûr fait appel de ce jugement.

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