Jacques Servier, du laboratoire du même nom, a été auditionné par une mission parlementaire pour s'expliquer sur l'affaire du Mediator. Il avait posé ses conditions : huis-clos et pas d'archivage de la séance, présence de onze de ses collaborateurs. Plusieurs députés ont toutefois brisé cette choquante loi du silence.

Selon différentes études, le Mediator serait responsable de 500 à 2 000 morts. Un rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) a établi clairement qu'il a été utilisé largement comme coupe-faim et que son maintien sur le marché n'aurait été dû qu'aux pressions et aux mensonges du laboratoire. Servier nie sa responsabilité et celle de son laboratoire, expliquant que le Mediator a obtenu les autorisations nécessaires et ne serait nullement un coupe-faim, mais bien un médicament contre le diabète. Il renvoie ainsi la responsabilité sur l'État et les médecins traitants.

Les laboratoires Servier ne sont certainement pas les seuls à mettre en cause. Bien des hauts fonctionnaires et bien des ministres pourraient l'être aussi. Il n'en reste pas moins que ce sont les propriétaires des laboratoires qui en ont été les principaux bénéficiaires. Le Mediator a été mis sur le marché et maintenu, malgré de nombreuses alertes, pour que Jacques Servier continue à encaisser les profits liés à la commercialisation de ce médicament.

Preuve de sa mauvaise foi, à ce jour Jacques Servier ne reconnaît que trois décès liés à son médicament. Interrogé sur ce sujet par les députés, il aurait répondu en parlant d' « affaire très compliquée » et de sa « conviction personnelle ». Une de ses collaboratrices a admis la responsabilité du Mediator pour trente-huit décès. Cette fausse comptabilité est contredite par les résultats des organismes de contrôle, dont personne ne conteste la compétence. Mais Servier n'en a cure. Il fait de la procédure pour gagner du temps et gratter quelques économies sur ce qu'il risque d'avoir à débourser. Sordide !