Front National : Un parti radicalement antiouvrier09/03/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/03/une-2223.gif.445x577_q85_box-0%2C14%2C164%2C226_crop_detail.png

Leur société

Front National : Un parti radicalement antiouvrier

Parmi les commentaires suscités par la publication de sondages donnant Marine Le Pen en tête des postulants pour la présidentielle de 2012, on a entendu un fatras de contre-vérités. Entre autres, on entend dire que le Front National serait un parti ouvrier, le premier même ajoutent certains. Et les politologues livrent chiffres sur chiffres.

Que des salariés, des ouvriers votent pour le FN, certains depuis longtemps, d'autres plus récemment, c'est un fait. Mais ce qu'on ne peut pas dire de ce parti, c'est qu'il défende les intérêts du monde du travail, ni les revendications les plus immédiates, ni celles qui sont plus générales, pas plus qu'il ne défend, comme il le prétend, les travailleurs « français » qu'il essaye de dresser contre ceux qui ne le sont pas.

Toute l'histoire de ce parti en est l'illustration. Lors du mouvement contre la prétendue réforme des retraites de l'automne dernier, il était aux abonnés absents, ayant préféré mettre en berne son programme. En effet, au moment où les travailleurs étaient en lutte contre le report de l'âge de la retraite à 62 ans, on pouvait y lire, quelque temps auparavant : « Nous préconisons le retour à 65 ans de l'âge légal de la retraite, pour tenir compte de la réalité des parcours (entrées tardives sur le marché du travail, périodes de chômage...) après quarante annuités de cotisation. Par ailleurs, nous donnerons la liberté aux Français de travailler au-delà s'ils le désirent. »

Ainsi encore, et jusqu'à une date récente, le FN dénonçait l'impôt sur la fortune, l'ISF, comme étant un « trompe-l'oeil, davantage symbolique qu'utile, facteur de délocalisation des capitaux dans le cas de participations dans des entreprises à faible résultat ».

Récemment, Le Pen (père), président « d'honneur » du Front National, déclarait sur France-Inter : « le Front National a toujours été (...) pour la réduction du nombre considérable de fonctionnaires dans notre pays ». Effectivement, le programme du Front National affirme vouloir « diminuer le poids de l'État français, que ce soit au niveau des réglementations, mais aussi de ses dépenses : non-remplacement des départs en retraite des fonctionnaires, privatisation de certains services, introduction du mérite ». Et fin février, Le Pen (la fille cette fois) dans un message s'adressait à ces mêmes fonctionnaires, sans bien entendu condamner la réduction des effectifs dans la Fonction publique, se contentant de conclure qu'elle se prononçait pour un « État fort ».

Aux fonctionnaires, elle propose un État fort ; aux travailleurs, elle offre un syndicalisme « libre ». Ce qualificatif accolé au mot syndicat évoque des syndicats d'autant plus inféodés aux patrons qu'ils sont indépendants des travailleurs. Ainsi le FN déclarait en 2006 : « Alors qu'ils ne représentent que 5 % des salariés, on peut se demander comment les syndicats dits représentatifs ont autant de pouvoir, allant jusqu'à faire échec à la loi sur le CPE pourtant votée par une Assemblée nationale élue par le peuple. » Depuis, les positions du FN, soi-disant rénové, n'ont pas changé. Il s'indigne de la situation minoritaire des syndicats. Mais il trouve légitime le pouvoir d'une minorité, bien inférieure à 5 % : celle des grands patrons qui décident de tout.

Marine Le Pen continue donc à cultiver les préjugés, tout comme son père, et comme ces politiciens qui naviguent dans les eaux fangeuses du racisme et de la xénophobie. Cela lui permet de se donner à bon compte une allure radicale. Pour le monde ouvrier, en être dupe serait mortel.

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