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Leur société
Sarkozy et la sécurité : L'éternel retour
Sarkozy a remis mardi 20 avril son costume de premier flic de France en se rendant en Seine-Saint-Denis pour la prise de fonctions du nouveau préfet de ce département, Christian Lambert.
Et pour que tout se passe dans le calme, les abords de la préfecture étaient bouclés par une vingtaine de cars de CRS stationnés au niveau de la gare routière, dont l'activité était évidemment très perturbée. Quant aux usagers qui auraient réussi à passer ces barrages de police, ils ont trouvé une préfecture fermée... du lundi 19 avril à 11 heures jusqu'au mercredi 21 avril à 8 h 30.
Christian Lambert a remplacé Nacer Meddah, le premier préfet issu de l'immigration nommé en Ile-de-France, qui a été muté en Franche-Comté au bout de quinze mois. Avec Christian Lambert, 63 ans, jusqu'alors directeur de cabinet du préfet de police de Paris, mais aussi ancien chef du Raid et des CRS, Sarkozy aura dans le 93 un homme « à poigne » pour la politique qu'il entend mener et dont il a donné les grandes lignes dans son discours.
La police interviendra « sans restriction, aussi souvent que nécessaire », « aucune commune, aucun quartier, aucun hall d'immeuble de Seine-Saint-Denis n'échappera à l'autorité de la loi ». Dès la semaine prochaine, un projet de loi sera déposé pour demander la « suspension systématique des allocations familiales en cas d'absentéisme scolaire injustifié ».
Une fois de plus donc, Sarkozy remet sur le devant de la scène la lutte contre l'insécurité et la délinquance. Pour lui, tout se résume à des descentes de police dans les quartiers quadrillés où se multiplient les contrôles, évidemment au faciès. Et avec la suppression des allocations familiales, Sarkozy s'en prend aux parents jugés responsables collectivement de tout ce qui se passe dans les cités. Depuis des années que Sarkozy, d'abord ministre de l'Intérieur puis président, mène cette politique sécuritaire, rien pourtant n'a changé dans les banlieues, car lui et son gouvernement n'ont jamais rien fait pour s'en prendre aux véritables raisons du problème, à savoir le chômage de masse, terreau sur lequel prolifèrent ces bandes qui pourrissent la vie des habitants de certaines cités. Ni les petites phrases, comme celles sur le Kärcher à La Courneuve en juin 2005, ou six mois plus tard à Argenteuil celles sur la racaille, ou les plans comme le plan banlieues de 2007, un plan sans moyens réels, n'ont changé quoi que ce soit à la vie quotidienne dans les banlieues.
Alors Sarkozy en revient à ce que la droite appelle ses « fondamentaux », c'est-à-dire la matraque et la répression. Ce faisant, il n'est même pas sûr de reconquérir son électorat le plus réactionnaire, celui qui serait tenté de voter Front National et qui l'a sans doute fait aux dernières élections régionales. En revanche, il est certain que rien ne pourra ainsi changer la situation des banlieues. Mais est-ce pour Sarkozy un réel souci ?