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- Lutte ouvrière n°2177
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Dans les entreprises
PSA Peugeot - Poissy (Yvelines) : Menaces de sanctions pour faits de grève
Seize ouvriers de l'usine Peugeot de Poissy - un ouvrier PSA et des travailleurs intérimaires ou en contrat de professionnalisation - sont menacés de sanctions, suite à deux jours de débrayage, les 8 et 9 avril, dans le secteur du Montage, à l'Habillage moteurs.
Dans ce secteur, les postes sont serrés et plusieurs sont très durs à tenir depuis la montée en cadence de la nouvelle C3 et de la DS3. Si difficiles parfois que des ouvriers, dont certains menacés de sanctions aujourd'hui, un peu moins mal lotis, aident régulièrement le poste d'à côté. Mais beaucoup « coulent ».
Trois semaines auparavant, tous les travailleurs du secteur ont débrayé quatre heures pour réclamer la création de postes supplémentaires. La direction s'en était alors tirée en se donnant quinze jours pour étudier la question et en promettant de payer le débrayage.
Mais dès le lundi 5 avril les ouvriers, méfiants, parlaient de recommencer. La colère a éclaté le 8 au matin dans l'équipe, composée à 80 % d'ouvriers intérimaires ou en « contrats pro ». Le travail a complètement cessé. Certains ont attendu ceux de l'équipe d'après-midi, où des ouvriers d'autres secteurs ont rejoint le mouvement. Lors des défilés dans les ateliers, les slogans demandaient l'augmentation des salaires, dénonçaient la charge de travail ainsi que les contrats précaires. Il y a actuellement 1 200 intérimaires et 400 CDD pour 5 200 salariés Peugeot dans l'usine.
Sur deux jours, une centaine de travailleurs, parfois venus de l'autre bout de l'usine, ont participé à un moment ou à un autre, et si les défilés n'ont pas gagné plus de grévistes, la sympathie était palpable partout où ils sont passés.
Un peu prise par surprise, la direction a réagi le 8 avril en mobilisant tout ce qu'elle a pu de cadres et de petits chefs, plus d'une centaine à chaque fois, qui ont envahi le secteur et suivi les défilés, provoquant les grévistes. Elle a aussi tenté de faire redémarrer la chaîne en mettant quatre ou cinq blouses blanches par poste de travail.
Sentant la sympathie suscitée par le mouvement, la direction a aussi très tôt tenté de frapper un grand coup pour l'arrêter. Dès jeudi 8 midi, elle annonçait des sanctions et, le lendemain matin, des grévistes de la veille avaient déjà leur badge d'entrée démagnétisé. Au total, seize lettres de mise à pied conservatoire ont été envoyées. Oralement, les motifs évoqués étaient « délit d'entrave », ou « comportement dangereux »...
Mais les travailleurs menacés ne se laissent pas intimider. Le 12 avril ils se sont réunis, très nombreux, pour constituer les dossiers de dépôt de plainte pour entrave au droit de grève et, le lendemain, ils sont également venus nombreux dénoncer les menaces de sanctions, lors d'une conférence de presse organisée par la CGT devant l'usine au changement d'équipes. Mardi 20 avril, on apprenait qu'un intérimaire sanctionné était rappelé au travail et que ses jours de mise à pied lui seraient payés. Mercredi 21, un deuxième était réintégré.
C'est un premier recul de la direction. On attend la suite.