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Dans les entreprises
Haute-Normandie : Les travailleurs de l'automobile frappés de plein fouet
En Haute-Normandie, toute l'activité industrielle est fortement touchée par la crise économique, en particulier les secteurs travaillant pour l'automobile.
Dans la région, près de la moitié des établissements industriels, parmi les plus importants, sont liés à l'automobile et en leur sein 73 % des emplois y sont affectés. À elles seules, les principales usines que sont Renault Sandouville, Renault Cléon, Renault Dieppe, Renault Grand-Couronne, Renault Aubevoye emploient directement plus de 10 000 salariés. Aujourd'hui ces cinq usines sont touchées par des suppressions d'emplois. Ce sont d'abord les intérimaires qui ont été mis à la porte sans aucun ménagement. Puis les jours chômés ont été imputés sur les RTT. Ensuite, la mise en place des « RTT négatives » a contraint les travailleurs à prendre par avance sur leurs futurs jours de congé.
Aujourd'hui, cela ne suffisant plus, les travailleurs sont mis progressivement en chômage partiel, ce qui entraîne des baisses de salaire dépassant parfois les 500 euros. C'est le cas par exemple pour certains ouvriers professionnels qui, n'ayant travaillé que six jours en novembre, ont perdu 550 euros net. Treize mille travailleurs hauts-normands seront dans cette situation de chômage partiel durant tout le mois de décembre et au début janvier.
Il est maintenant évident pour tous que le chômage partiel se maintiendra durant l'année 2009. Le préfet de la région a même récemment confirmé qu'un nombre croissant de demandes d'autorisation de mise en chômage partiel ont été déposées par les employeurs ; demandes qui devraient s'étaler sur plusieurs mois.
La crise a ainsi des conséquences dramatiques : des dizaines de milliers de familles ouvrières connaissent des difficultés majeures et vivent maintenant dans une inquiétude permanente. Outre les travailleurs embauchés directement par Renault, ceux travaillant pour les équipementiers, les sous-traitants, les prestataires de services sont aussi touchés, et peut-être même plus fortement encore.
Autour de Renault gravitent de nombreuses autres entreprises qui subissent des réductions de commandes et où, chaque semaine, des centaines de travailleurs sont licenciés.
Ainsi, pour le seul département de la Seine-Maritime, on peut citer :
- Johnson Controls à Grand-Quevilly, un fabricant de batteries qui vient de fermer son site de production, licenciant 280 travailleurs.
- EMT à Caudebec-lès-Elbeuf, spécialisé dans la fabrication de composants métalliques de ceintures de sécurité et d'airbags, qui a décidé de licencier 123 salariés sur 278, et ce avant la fin de l'année.
- Lear à Offranville, qui produit des panneaux de porte de voiture, a fermé en octobre, avec à la clef 150 licenciements.
- Autoliv à Gournay-en-Bray, qui produit des airbags et des boucles pour ceintures de sécurité, après avoir supprimé 98 postes en début d'année, annonce aujourd'hui 51 licenciements.
- Faurecia à Sandouville, qui produit sur le même site que Renault des planches de bord, des consoles, des panneaux de porte et des tapis de plancher, veut licencier près de 120 salariés.
- Chez Cooper Standart Automotive, à Bolbec et Lillebonne, qui produit des joints d'étanchéité de vitre et des ouvrants de véhicule, la suppression de plusieurs dizaines de postes de travail est programmée.
Des emplois ont été aussi supprimés ou le seront chez GDX Automotive à Saint-Nicolas-de-la-Taille, chez Gévelot à Offranville, chez Timken à Maromme, chez Sonas à Saint-Nicolas-d'Aliermont, chez Wagon Automotivs à Saint-Pierre-de-Varengeville, chez Plastic Omnium, etc. Depuis le début de l'année, c'est près de 4 000 postes qui ont été supprimés ou vont l'être.
Si la région est touchée par la crise, cela n'empêche pas Renault, qui est en fait le principal donneur d'ordres, de rester optimiste pour ce qui concerne les actionnaires, puisqu'en cette fin d'année la direction s'apprête à annoncer un bénéfice qui avoisinera les deux milliards.
Parmi ceux qui découvrent les aberrations du système, certains se demandent si « cela est bien légal ». Force est de constater que ça l'est, dans ce système capitaliste qui ose d'abord enrichir les actionnaires aux dépens des producteurs. Mais si ce monde marche sur la tête, c'est bien qu'il faut le renverser.