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- Lutte ouvrière n°2106
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Leur société
Riches : Du rififi chez les de Wendel
Rien ne va plus dans la famille de Wendel. Non seulement l'action Wendel a perdu les deux tiers de sa valeur depuis le début de l'année mais, ceci expliquant peut-être cela, il y a de la querelle dans l'air : une information judiciaire pour abus de biens sociaux a été ouverte à la mi-novembre à l'initiative d'un membre de la famille. Cela chauffe donc entre cousins !
Il faut dire que les héritiers des maîtres des forge lorrains ont proliféré : ils sont aujourd'hui plus de 900 à vivre des fortunes arrachées aux travailleurs du temps où leurs ancêtres exploitaient directement ouvriers sidérurgistes et mineurs. Mais depuis ils ont laissé à l'État le soin de fermer ou de rénover, dans les années 1970-1980, leurs usines sidérurgiques.
Les de Wendel ont aujourd'hui leurs intérêts regroupés dans une société financière, la Société lorraine de participations sidérurgiques (SLPS). Pour en être actionnaire, la seule condition est de faire partie de la « famille ». Après quoi on peut s'éloigner beaucoup de la sidérurgie : la SLPS contrôle Wendel Investissement, qui possède des parts dans une kyrielle de sociétés comme le spécialiste de la certification (bureau Veritas), l'installation électrique (Legrand), l'électronique (Deutsch), la santé (Stallergènes), les matériaux de construction (Saint-Gobain) ou l'énergie (Oranje-Nassau). Wendel Investissement a dégagé au premier semestre un bénéfice net de 314 millions d'euros, en hausse de 29 %.
Mais voilà qu'une cousine, Sophie Boegner, a attaqué en justice pour abus de biens sociaux Ernest-Antoine Seillière, l'ex-président du Medef, qui dirigeait jusqu'à ces derniers mois les affaires de la famille.
Ce qui chagrine la cousine, quelques cousins et surtout leur portefeuille c'est que, lors de la réorganisation du capital du groupe Wendel en 2007, une quinzaine de cadres dirigeants, dont Seillière, ont mis la main sur près de 5 % des parts de Wendel Investissement. Grâce à un mécanisme juridique et fiscal bien complexe et encore plus opaque, en déboursant 83 millions, ils en auraient récupéré 324... au détriment de la chère famille.
Voler les travailleurs - de la sidérurgie ou maintenant d'ailleurs - par l'exploitation de leur travail, pas de problème pour tous ces gens-là. Mais voler la famille, ça non !