Coup sur coup deux événements viennent de provoquer une forte émotion parmi les travailleurs d'Hutchinson, filiale du groupe Total où sont fabriquées des courroies et des durits, entre autres pour l'automobile.

En début de semaine tout d'abord, nous avons appris qu'un de nos camarades de travail, handicapé présent depuis plus de dix ans à l'usine, venait de recevoir sa lettre de licenciement. Ce travailleur subissait depuis plusieurs mois les pressions de la hiérarchie, à tel point qu'il y a deux semaines les délégués avaient dû mettre les pieds dans le plat. La responsable d'atelier avait en effet décidé de modifier son poste aménagé, sans se soucier ni de sa santé, ni de prendre l'avis du médecin du travail. Pensez, ce travailleur restait soi-disant 120 secondes sans rien faire lors de ses cycles de production !

L'étape suivante fut donc le licenciement pour « faute grave », au motif fallacieux qu'il aurait eu trop d'arrêts maladie, arrêts pourtant justifiés.

Mercredi 3 décembre, le second choc a été l'accident grave dont fut victime une travailleuse en CDD de l'atelier Tuyaux. Happée par un tour de confection de 20 m, elle a été quasi étranglée, et n'a eu la vie sauve que grâce au passage inopiné d'une de ses camarades de travail.

Il y a un an, un ouvrier intérimaire avait déjà été entraîné par un tour similaire dans un autre atelier des Tuyaux. Les travailleurs des ateliers de confection avaient dénoncé à l'époque le manque de sécurité des tours. L'enquête avait confirmé le manque de fiabilité des cellules de sécurité, et les patrons s'étaient engagés à revoir l'ensemble de ces cellules sur tous les tours de confection. Près d'un an plus tard, on s'aperçoit qu'il y a toujours des défauts qui nous mettent gravement en danger. Le risque d'accident n'a pas pesé lourd face à la volonté des patrons de voir la production sortir le plus vite possible.

Ce n'est pas par hasard que l'actionnaire Total a fait 14 milliards d'euros de profit au cours des six dernier mois